Une rose seule – Muriel Barbery
Quatrième de couverture :
Rose arrive au Japon pour la première fois. Son père, qu’elle n’a jamais connu, est mort en laissant une lettre à son intention, et l’idée lui semble assez improbable pour qu’elle entreprenne, à l’appel d’un notaire, un si lointain voyage. Accueillie à Kyoto, elle est conduite dans la demeure de celui qui fut, lui dit-on, un marchand d’art contemporain. Et dans cette proximité soudaine avec un passé confisqué, la jeune femme ressent tout d’abord amertume et colère. Mais Kyoto l’apprivoise et, chaque jour, guidée par Paul, l’assistant de son père, elle est invitée à découvrir une étrange cartographie, un itinéraire imaginé par le défunt, semé de temples et de jardins, d’émotions et de rencontres qui vont l’amener aux confi ns d’elle-même. Ce livre est celui de la métamorphose d’une femme placée au cœur du paysage des origines, dans un voyage qui l’emporte jusqu’à cet endroit unique où se produisent parfois les véritables histoires d’amour.
« Alors que Rose se réveillait et, regardant autour d’elle, ne comprenait pas où elle se trouvait, elle vit une pivoine rouge aux pétales renfrognés. Quelque chose passa en elle dans un parfum de regret ou de bonheur enfui. D’ordinaire, ces mouvements intérieurs griffent le coeur avant de s’évanouir comme un songe mais, parfois, le temps transfiguré offre à l’esprit une transparence nouvelle. C’est ce qu’éprouvait Rose, ce matin-là, dans le face à face avec la pivoine qui, de son vase exquis, dévoilait ses étamines dorées. Un instant durant, il lui parut qu’elle pouvait rester sans fin dans cette chambre nue, à contempler cette fleur, à se sentir exister comme jamais. Elle observa les tatamis, les parois de papier, la fenêtre ouverte sur des branchages dans le soleil, la pivoine froissée ; enfin, elle s’observa elle-même comme une inconnue rencontrée la veille. »
Mon avis :
Souvent interpellée par la couverture d’un livre, j’ai été happée par celle d’Une rose seule de Muriel Barbery. L’illustration d’Aniela Sobieski appelle au voyage, au calme et dégage quelque chose de très poétique. C’est ce qui m’a d’abord donné envie de lire ce roman. Je souhaitais également retrouver l’univers de l’auteure, découverte avec L’élégance du hérisson en 2006. Je n’ai pas regretté mon choix de lecture.
Lorsque Rose se rend pour la première fois au Japon, c’est pour prendre connaissance du testament de son père décédé. Celui qu’elle n’a jamais connu a tout organisé avant son départ. Son assistant, Paul, doit emmener la jeune femme visiter les plus beaux temples et jardins de Kyoto, en passant par la dégustation des meilleurs mets japonais. Un programme initiatique, que Rose va d’abord subir, avant d’en apprécier les bénéfices…
Véritable invitation à l’évasion, Une rose seule est un bijou à l’état pur, empli de poésie et de délicatesse. Dès les premiers mots, Muriel Barbery dessine ces jardins merveilleux, ces paysages fleuris, ces odeurs délicieuses. Sa langue nous emporte au plus près de Rose, dans la fraîcheur des parcs qu’elle sillonne, nous laissant jusqu’à ressentir les parfums de fleurs sous la mousson de Kyoto.
Une fois l’esprit transporté, l’auteure déploie toute la colère de sa protagoniste. Rose se sent ballotée, d’un temple à l’autre, par ce père marchand d’art, mort maintenant mais qui ne s’est jamais manifesté en quarante ans d’existence. La beauté des lieux n’y changera rien. La gentillesse de Paul non plus. La bienveillance de Sayoko ou de Kanto encore moins. Peu à peu, par les silences de son guide touristique (Paul), et la quiétude de ces décors majestueux, Rose va s’ouvrir et accepter le chemin qui lui est offert.
A ce magnifique récit, plein de sensibilité, l’écrivaine ajoute un conte imaginé de toute pièce pour chaque ouverture de chapitre. Une petite perle précieuse qui sublime l’ensemble du texte.
J’ai aimé ce roman élégant, à la plume si belle, écrit tout en pudeur. J’ai lu, avec émotion, et senti les effluves extraordinaires que les mots de Muriel Barbery renvoient. Une rose seule est un coup de cœur, une merveille littéraire, une incitation à la promenade, que je vous recommande à tous.
Avez-vous déjà lu Muriel Barbery ? Quel autre roman me conseillez-vous sur le Japon ?