Une femme en contre-jour – Gaëlle Josse
Quatrième de couverture :
« Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille. Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago. Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n’aura pas connu la célébrité, ni l’engouement planétaire qui accompagne aujourd’hui son travail d’artiste. Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d’épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s’écrit entre la France et l’Amérique. L’histoire d’une femme libre, d’une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts. Je vais vous dire cette vie-là, et aussi tout ce qui me relie à elle, dans une troublante correspondance ressentie avec mon travail d’écrivain. » G.J.
« La scène ressemble à une photo qu’elle aurait pu prendre. Composition parfaite. Le banc, avec ces deux arbres nus, de chaque côté, au garde-à-vous, figés dans l’engourdissement de l’hiver. Les lignes de fuite du lac en arrière-plan. Et cette vieille femme sur ce banc, dans son manteau informe, avec ses chaussures au cuir râpé, ce chapeau de feutre abîmé par trop de pluies, trop de saisons. A côté d’elle, une boîte de conserve, ouverte. La scène semble avoir été créée pour elle, en noir et blanc. »
Mon avis :
La rentrée littéraire, ce n’est pas seulement la parution de centaines de jolis livres brochés en tête de gondole de vos librairies. Les formats poche, eux aussi, font leur rentrée. Dans ma boîte aux lettres fin août, un colis des éditions J’ai lu. A l’intérieur, ce petit livre fin aux couleurs bleutées attire mon œil de lectrice immédiatement. C’est celui-ci que je lirai en premier, j’en suis convaincue. Je devine peut-être le coup de cœur qui s’y cache. Son titre : Une femme en contre-jour de Gaëlle Josse.
Vivian Maier a passé sa vie a photographié la rue. Les enfants qui courent, les fumeurs, les employés en uniforme, les dames apprêtées pour une soirée, les clochards… Son appareil photo ne la quitte jamais. Mais le succès arrivera après son décès en 2009. Vivian Maier, la nourrice d’enfants, restée dans l’ombre toute sa vie, est aujourd’hui encensée par la critique. Que s’est-il passé ? A-t-elle cherché cette reconnaissance ? Était-elle consciente, en réalisant ces clichés, qu’elle était faite pour ça ?
Lorsque John Maloof achète un lots de photographies sur Internet en 2009, il ne sait pas qu’il tient de l’or entre ses doigts. Simple amateur, il interroge des connaisseurs sur des forums en ligne, pour découvrir l’identité du photographe et avoir confirmation de la qualité de l’œuvre dont il est maintenant propriétaire. Grâce à sa persévérance, il retrouvera le nom de Vivian Maier au mois de mai. La vieille dame a malheureusement quitté ce monde en avril.
« La création comme œuvre de réparation » Gaëlle Josse
A quoi tient le fil d’un destin ? Cette révélation posthume et le travail de maître de Vivian Maier a intrigué Gaëlle Josse au point de vouloir réécrire son histoire. Après quelques lignes d’introduction pour nous remettre dans le contexte, l’écrivaine déploie l’arbre généalogique de la jeune américaine. En revenant à la source, aux racines de Vivian, Gaëlle Josse cherche à comprendre la personnalité complexe de la photographe, et son désir ou non de dévoiler au monde son art.
Dans un récit court (cent cinquante pages) et avec une plume sans fioriture, l’auteure retrace l’éclosion de cette famille franco-américaine au début du 20e siècle. Un schéma hors-norme, une vie décousue, qui construira sans doute le caractère atypique de Vivian Maier.
Ce petit bijou regroupe tout ce qui m’anime en littérature : l’art, l’aspect biographique, le début du 20e siècle et une femme héroïne passionnante. Gaëlle Josse m’a invitée à la découverte de ces sublimes clichés durant toute ma lecture. Par ses mots, elle a su me captiver et entrer dans l’histoire de cette étrange famille. Depuis, je navigue avec délice sur le site officiel de l’artiste* où toute son œuvre est répertoriée. Merci Gaëlle Josse pour ce moment de poésie.
Avez-vous un roman sur une autre femme artiste à me recommander ?