Un tesson d’éternité – Valérie Tong Cuong

Tong Cuong Valérie - Éditions : JC Lattès
7 / 10
4Commentaires

Quatrième de couverture :

Anna Gauthier mène une existence à l’abri des tourments entre sa pharmacie, sa villa surplombant la mer et sa famille soudée. Dans un climat social inflammable, un incident survient et son fils Léo, lycéen sans histoire, se retrouve aux prises avec la justice. Anna assiste impuissante à l’écroulement de son monde, bâti brique après brique, après avoir mesuré chacun de ses actes pour en garder le contrôle. Qu’advient-il lorsqu’un grain de sable vient enrayer la machine et fait voler en éclats les apparences le temps d’un été ? À travers un portrait de femme foudroyant d’intensité et d’émotion, Un tesson d’éternité remonte le fil de la vie d’Anna et interroge en un souffle la part emmurée d’une enfance sacrifiée qui ne devait jamais rejaillir.

 

Une justesse dans l’écriture.

Titre très attendu de cette rentrée littéraire 2021, Un tesson d’éternité est le douzième ouvrage de Valérie Tong Cuong. Il paraît aujourd’hui aux éditions JC Lattès, et c’est avec lui que je découvre la plume de l’écrivaine.

Rien ne semble pouvoir perturber l’équilibre parfait de la jolie famille d’Anna, entre sa carrière professionnelle de pharmacienne, le couple uni qu’elle forme avec son mari, et la réussite de son fils Léo, futur bachelier. Un week-end pourtant, un acte manqué, à peine croyable, vient briser les rêves du lycéen. L’harmonie de l’heureux trio s’en trouve bouleversée.

Comment faire face aux regards, lorsque l’avenir prometteur de son fils se voit anéanti en quelques secondes ? Comment relever la tête, quand tout soutien disparaît aux alentours ? Anna tente d’assumer cette épreuve, comme elle a dû le faire plus jeune, pour survivre face à la méchanceté de la race humaine.

Non sans rappeler le récit de Grégoire Delacourt dans Un jour viendra couleur d’orange (Grasset, 2020) autour des gilets jaunes, une manifestation du collectif est le point de départ du roman de Valérie. Léo, étudiant brillant au parcours prometteur, « fils modèle » ou « enfant de bonne famille » comme certains diraient, est pris d’un coup de folie. Sa petite amie, de passage sur la place en mouvement, est violentée gratuitement par un policier. Le lycéen le frappe à son tour, voulant venger la jeune fille. Les médias présents s’emparent de l’affaire. Très vite, les images tournent en boucle sur les écrans de télévisions françaises et l’enjeu devient alors politique…

 

 

« Trois ans auparavant, un incident s’était produit à la pharmacie. Une femme que l’on n’avait jamais vue dans les environs avait volé un fond de teint. C’était un larcin sans importance, mais l’affaire s’était envenimée lorsque Coline, la préparatrice, l’avait empêchée de quitter les lieux. La femme s’était débattue, insultant Coline puis Anna venue prêter main-forte. Elle jurait avoir oublié de reposer la boîte sur l’étagère, s’indignait qu’on la traite de voleuse, mais étrangement, refusait de lâcher l’objet qu’elle serrait d’un poing blanc, comme vidé de son sang. »

 

Derrière ce fait d’actualité, l’auteure déploie un roman accrocheur, intense, dans lequel chacun s’interroge : qu’aurions-nous fait à leur place ? Aurais-je eu le courage de Léo, au moment d’assister mon amie ? Aurais-je défendu, cœurs et âmes, ce fils, devenu tout d’un coup décevant ? Ou aurais-je préféré la lâcheté des autres, dont le qu’en-dira-t-on semble prendre le pas sur le reste ?

Car s’il est question de justice, de failles ou de violences dans ce livre, Valérie Tong Cuong évoque surtout ces vies qui basculent, dans lesquelles l’aspect social tient un rôle prépondérant. L’armure, la carapace, les relations, les mœurs, le réseau, etc. Avec le geste de Léo et sa probable condamnation, ces apparences s’effondrent pour Anna et son mari. L’écrivaine analyse ce cataclysme avec précision, justesse.

Malgré une fin en demi-teinte, j’ai été transportée par le texte de Valérie, et conquise par son talent d’écriture. Tantôt compatissante avec cette héroïne déchue, tantôt énervée par sa naïveté, j’ai aimé l’originalité du thème choisi par la romancière. Je ne sais si Un tesson d’éternité a suffisamment attisé ma curiosité pour lire d’autres titres de l’auteure. Ce dont je suis sûre, c’est de pouvoir compter sur vos arguments pour me convaincre. 😉

 

Alors, que me recommandez-vous maintenant ?

Commentaires (2)
Matatoune2021-09-14 11:10:26Répondre

Je viens de le finir et reste perplexe devant ce beau portait de femme, meurtrie et ayant voulu avancer masquer mais qui est rattrapée par ce qu'elle a tenté tellement de cacher aux autres mais surtout à elle-même.

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mademoisellelit2021-09-15 08:23:40Répondre

C'est donc une lecture mitigée pour toi ?

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Agathe2021-08-24 11:02:13Répondre

Le premier livre de Valérie Tong Cuong que j'ai lu est Par amour, et je te recommande vraiment.. Romans à plusieurs voix, il convoque un épisode historique français difficile, et a un pouvoir émotionnel fort... Bonne lecture !

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mademoisellelit2021-08-24 13:05:00Répondre

Merci pour ce conseil. Je le garde précieusement en tête.

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