Un simple dîner, Cécile Tliti : Mon avis
Quatrième de couverture :
Un soir de canicule, en août à Paris, deux couples se rejoignent pour dîner. La soirée aura lieu chez Étienne. Claudia, sa compagne, d’une timidité maladive, a cuisiné toute la journée pour masquer son appréhension. Johar et Rémi, leurs invités, n’ont pas l’esprit tranquille non plus. Autour de la table, les uns nourrissent des intentions cachées tandis que les autres font tout pour garder leurs secrets. L’odeur épicée d’un curry, une veste qui glisse d’un fauteuil, il suffit d’un rien pour que tout bascule.
Avec ce huis-clos renversant, Cécile Tlili interroge la place des femmes dans la société et tisse, avec délicatesse, une ode à l’émancipation et à la liberté.
« Simple », mais efficace
Paru à la rentrée littéraire de septembre dernier, ce livre avait échappé à ma vigilance. Reçu en cadeau pour mon anniversaire, Un simple dîner est le premier roman de Cécile Tlili, publié aux éditions Calmann Lévy.
Pour une fois, Claudia n’a pu trouver d’excuses. Son compagnon Étienne a invité ses amis Johar et Rémi, à dîner dans leur logement parisien. Après avoir cuisiné toute la journée, Claudia aimerait rester cachée derrière ses fourneaux et ne pas avoir à échanger avec ces inconnus. La jeune femme est d’une extrême timidité, et se sent effacée face au comportement écrasant de son avocat de conjoint.
Dès leur arrivée, leurs invités ne semblent pas à l’aise non plus. Après 15 ans de vie commune, la complicité du couple s’est effritée. Rémi regarde son portable, tandis que Johar pense à la décision qu’elle s’apprête à prendre concernant sa carrière professionnelle… Les tensions feront-elles basculer la soirée ?
« Elle les écoute déverser sur elle, le flot de leur flatterie, elle observe son reflet sur leurs faces, lisses jusqu’à l’écœurement, jusqu’à ne plus pouvoir supporter la médiocrité de ce miroir. »
Cécile Tlili dépeint un huis-clos électrique et malaisant, parsemé des dialogues et faits et gestes des quatre protagonistes. A l’image d’une prison dorée, l’autrice décrit l’appartement, cinquième et dernier personnage de la scène narrative. La soirée se déroule, lentement, insidieusement, au rythme des regards et comportements de chacun.
En peignant les traits d’Étienne, macho et arriviste, l’écrivaine questionne sur le rôle des femmes. Cécile Tlili fait de son « héros » un homme détestable, incapable de célébrer l’ascension féminine. Étienne ne supporte pas que le sexe opposé puisse lui faire de l’ombre et il est prêt à tout pour obtenir gain de cause…
Avec Un simple dîner, la primo romancière déploie un texte abouti, porté par un léger suspens. J’ai lu l’ouvrage d’une traite, m’imaginant au côté de Claudia et Johar dont la sororité discrète m’a touchée. Je suis heureuse d’avoir pu découvrir une nouvelle plume, et serai curieuse de suivre Cécile Tlili dans son parcours d’autrice.
A lire aussi : par son titre et sa structure narrative, le livre de Cécile Tlili m’a rappelé Le dernier dîner de Camille Lesur. Je vous en parlais il y a deux ans sur le blog.
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Avez-vous lu ce roman ?
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