Un jour viendra couleur d’orange – Grégoire Delacourt
Quatrième de couverture :
Tandis que le pays s’embrase de colères, Geoffroy, treize ans, vit dans un monde imaginaire qu’il ordonne par chiffres et par couleurs. Sa pureté d’enfant « différent » bouscule les siens : son père, Pierre, incapable de communiquer avec lui et rattrapé par sa propre violence ; sa mère, Louise, qui le protège tout en cherchant éperdument la douceur. Et la jeune Djamila, en butte à la convoitise des hommes, fascinée par sa candeur de petit prince.
Fureurs, rêves et désirs s’entrechoquent dans une France révoltée. Et s’il suffisait d’un innocent pour que renaisse l’espoir ? Alors, peut-être, comme l’écrit Aragon, « un jour viendra couleur d’orange (…) Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront ».
Lumineuse, vibrante, une grande histoire d’humanité.
« Un gilet jaune était posé sur le cuir fauve du luxueux tableau de bord. Le conducteur était bel homme. Regard clair. Visage doux. La cinquantaine. Assis à l’arrière, un garçon de l’âge de son fils. L’enfant était occupé à sa tablette, il ne percevait rien des éclats du mécontentement des hommes. De l’air soufré. Pierre a fait signe à l’homme de baisser sa vitre. Sa guerre venait de commencer. »
Mon avis :
Si vous me suivez depuis quelques temps, vous savez que Grégoire Delacourt fait partie de mes chouchous. Sur mes étagères, ses romans croisent ceux de David Foenkinos, Eric-Emmanuel Schmitt, Delphine de Vigan ou encore Marcel Pagnol. Et à chaque Livre Paris, je repars fièrement avec ma dédicace, le livre sous le bras.
Édité pour la première fois chez Grasset, l’auteur dévoile en cette rentrée un nouveau roman, avec pour titre un joli clin d’œil à Aragon, Un jour viendra couleur d’orange.
Les couleurs, Geoffroy, jeune adolescent, les ressent, les vit et vibre avec elles. Son père vibre aussi depuis quelques mois, pour un mouvement qui descend dans la rue chaque samedi, paré de son gilet couleur d’abeille. Louise, sa mère, ne sait plus comment vibrer elle, à côté de tant de colère, de rage, et de solitude. Est-ce la couleur de la mort, du service palliatif dans lequel elle travaille, qui viendra la sauver ?
Je ne crois pas me tromper en affirmant que pour la première fois, Grégoire Delacourt invite l’actualité dans son récit. Pierre a rejoint les gilets jaunes dès les premiers instants, et refoule sa violence et sa rage à coup de lancers de briques. Il est prêt à tout pour remporter cette bataille, allant jusqu’à impliquer son fils de 13 ans autiste asperger dans l’incendie d’un bâtiment.
A cette colère si bien décrite, l’auteur ajoute de la douceur et de l’espoir dans son histoire. La pureté décelée chez les autres personnages apporte apaisement et beauté à ce roman. Grégoire Delacourt use d’une plume rythmée, toute en flamme et en vitesse lorsqu’il est question de l’ébullition du peuple. En miroir, il nous émeut et nous touche en plein cœur en évoquant le monde de Geoffroy et la sensibilité de sa maman.
Si j’y ai trouvé quelques défauts, Un jour viendra couleur d’orange a su me surprendre, par ses thèmes et ses faits de société. J’ai pu reprocher à l’auteur ces dernières années un manque de créativité et d’idées, qui n’a pas lieu d’être cette fois-ci. Pour son neuvième ouvrage, Grégoire Delacourt se renouvèle, tout en gardant sa touche personnelle : l’émotion.