Un brillant avenir, Catherine Cusset : Mon avis
Quatrième de couverture :
Elena, une jeune Roumaine née en Bessarabie et ballottée par l’Histoire, rencontre à un bal en 1958 un homme dont elle tombe passionnément amoureuse. Il est juif, et ses parents s’opposent au mariage. Elena finit par épouser Jacob et par réaliser son rêve : quitter la Roumanie communiste et antisémite de Ceausescu. Émigrer aux États-Unis. Elle devient américaine, et se fait appeler Helen. Elle a rompu avec le passé, mais l’avenir n’est plus un rêve. Helen est maintenant confrontée à une réalité qui lui échappe : la maladie et la dépression de son mari ; l’indépendance de ce fils à qui elle a tout sacrifié, et qui épouse une Française malgré l’opposition de ses parents. Cette jeune femme égoïste, arrogante, imbue d’un sentiment de supériorité presque national, Helen ne l’aime pas. Cette belle-mère dont le silence recèle une hostilité croissante, Marie en a peur. Pourtant, entre ces deux femmes que tout oppose – leur origine, leurs valeurs et leur attachement au même homme –, quelque chose grandit qui ressemble à de l’amour.
Catherine Cusset, racontez-moi une histoire…
L’art et la littérature sont intimement liés et c’est par la peinture que je suis entrée dans l’univers de Catherine Cusset. En lisant Vie de David Hockney l’an dernier, je découvrais celle qui deviendrait l’une de mes autrices contemporaines préférées. Depuis, il y a eu d’autres coups de cœur. Aujourd’hui, je vous parle d’Un brillant avenir, paru aux éditions Gallimard en 2008.
Née en Bessarabie et ayant fui le pays avec sa famille pour la Roumanie, Elena est adoptée par son oncle et sa tante au décès de ses parents. En 1958, contre l’avis général, elle épouse Jacob, un Juif, et quitte à son tour la Roumanie pour les États-Unis. Là-bas, elle se fera appeler Helen et deviendra américaine.
Dans les années 90, lorsque leur fils Alexandre avoue son désir d’épouser une Française, le couple est sous le choc. Jacob et Helen sont persuadés que la jeune femme a pour projet d’emmener son futur époux vivre en France. L’idée d’être éloignés de leur fils unique leur est inenvisageable…
« Marie s’approche pour l’embrasser – un geste normal entre une belle-mère et une belle-fille qui s’en va. Alors qu’elle fait un dernier pas, Helen tend impulsivement son bras droit, dressant sa paume ouvert contre Marie.
« Non. »
Elle a l’air terrifiée. Sa main et sa voix stoppent l’élan de Marie, qui rougit violemment.
« Au revoir, Helen. » »
Habituellement peu friande des récits multi-temporels, Catherine Cusset a le secret pour y apporter rythme, intérêt et vivacité. Ces alternances d’époques font d’ailleurs toute la force du roman. Derrière le conflit qui oppose Alexandre à ses parents, se jouent les blessures de l’enfance d’Elena et son éducation reçue dans les années 50. Héroïne attachante dans les premières années de sa vie, l’autrice fait d’Helen un personnage méchant, manipulateur et détestable face à Marie, la petite amie d’Alexandre.
A travers cette fresque, Catherine Cusset explore la question du déracinement, de la culture, de la religion et des valeurs familiales. En voulant protéger son fils de ses propres peurs, Helen reproduit ce pour quoi elle s’est éloignée des siens. Par des scènes fortes et réalistes, l’écrivaine livre un texte marquant sur le poids des racines.
De par mon vécu personnel, je me suis beaucoup identifiée à cette histoire pluriculturelle. Douée pour raconter, Catherine Cusset nous offre une fois de plus un roman qui se dévore, à l’image d’un bonne série télé !
A lire aussi : Catherine Cusset déploie également ses talents d’écrivaine avec brio dans Le problème avec Jane, L’autre qu’on adorait ou encore Vie de David Hockey.
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Avez-vous déjà lu Catherine Cusset ?
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