Trois sœurs, Laura Poggioli : Mon avis
Le pitch ?
Le 27 juillet 2018, Krestina, 19 ans, Angelina, 18 ans et Maria, 17 ans, tuent leur père Mikhaïl Sergeïevitch Khatchatourian, dans le couloir de l’appartement familial, après des années d’insultes, de sévices corporels et sexuels.
Laura Poggioli raconte ce fait divers qui a bousculé la Russie, et se souvient de ses années moscovites.
Les points forts du livre
- le récit d’un fait divers : dans Trois sœurs, Laura Poggioli s’intéresse au meurtre du Russe Mikhaïl Sergeïevitch Khatchatourian orchestré par ses filles à l’été 2018. De leur enfance à l’acte commis onze ans plus tard, la narratrice raconte les violences subies au quotidien, entre coups, blessures, humiliations et viols. Certaines scènes, imaginées par l’écrivaine, donnent la nausée.
- un témoignage personnel : en parallèle de l’histoire glaçante de ces trois sœurs, Laura Poggioli livre son expérience d’ancienne expatriée russe. Amoureuse du pays et de sa langue depuis son plus jeune âge, elle y a fait ses études et a partagé une histoire d’amour avec un de ses ressortissants.
- une analyse pertinente : dans un texte documenté, Laura Poggioli dénonce une société russe misogyne et patriarcale, dans laquelle l’alcool et les violences sont monnaies courantes. Un célèbre dicton promeut que « s’il te bat, c’est qu’il t’aime« . Les interrogations et la démarche de l’autrice m’ont rappelé celles de Neige Sinno dans son ouvrage Triste tigre (éditions P.O.L, 2023).
En bref, un livre éminemment puissant, qui questionne et renseigne sur la condition de la femme en Russie. Une lecture coup de poing.
Thématiques abordées : la Russie, les violences conjugales, le viol, la condition de la femme, l’alcoolisme.
Une citation : « En Russie, il y avait ce proverbe qui disait « Biot – znachit lioubit – s’il te bat, c’est qu’il t’aime », et les proverbes, c’est comme le passé : quand on ne sait plus où on va, on s’y agrippe pour se persuader qu’on est du bon côté. »
Quelques mots sur l’autrice : Laura Poggioli est une écrivaine française, d’origine italienne. Trois sœurs, paru en 2022 aux éditions de L’Iconoclaste, est son premier ouvrage.
À lire aussi : dans Tenir sa langue, Polina Panassenko raconte une autre Russie. Celle de l’enfance, de la datcha et des grands-parents. J’évoquais mon émotion à la lecture de son récit dans une chronique disponible ici.
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Ce livre vous tente ?
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