Terrasses, Laurent Gaudé : Mon avis

7Commentaires

Quatrième de couverture :

Vendredi 13 novembre 2015. Douceur automnale : ce soir pourrait avoir un air de fête. On rêve de ce que sera cette nuit qui s’ouvre. Deux amoureuses savourent l’impatience de se retrouver ; des jumelles se sont demandé où célébrer leur anniversaire ; une infirmière se promet le repos mérité. Un mari s’agace de devoir garder seul “la petite” – sa femme part écouter de la musique. Partout dans Paris, on va bavarder, trinquer, rire, danser. Et du côté des forces de secours et de l’ordre, rien n’annonce l’horreur imminente.

 

 

Ou notre long baiser si longtemps retardé

En offrant ce roman à MonsieurLit, je ne pensais pas le lire. Mais comme souvent, ce sont vos retours sur les réseaux qui m’ont influencée. Je me suis lancée à l’aveugle, sans avoir connaissance du sujet… Terrasses est paru aux éditions Actes Sud en avril dernier.

Paris, vendredi 13 novembre 2015. Un air d’été indien flotte dans la capitale. Certains Parisiens profitent des terrasses de cafés, d’autres finissent leur garde avant un week-end bien mérité. D’autres encore se rendent à un concert de musique, pendant que la Marseillaise retentit dans un stade à Saint-Denis. Ils ignorent tout de ce qu’il va se passer. Le sort va les lier à jamais.

Dans un récit à plusieurs voix, Laurent Gaudé retrace le déroulé des attentats du 13 novembre. Deux jumelles partent fêter leur anniversaire, un jeune couple s’apprête à se revoir, une mère sort seule après une dispute conjugale… Tour à tour, chacun nous livre le tournant de sa soirée.

 

 

“Nous nous levons, sans imaginer qu’ils se lèvent eux aussi, dans d’autres lieux de la ville, ilsprennent un café eux aussi, en mangeant peut-être, comme nous, des tartines. Nous n’y pensons pas. Comment pourrions-nous imaginer ? Nous ne savons rien d’eux, ni de nous. À cette heure, nous sommes inconnus les uns des autres. Personne n’a de nom. Seul le malheur en donnera un à certains d’entre nous, bien plus tard, lorsqu’il faudra établir des listes.”

 

Il faut être prêt pour aborder la lecture d’un tel sujet. En choisissant d’écrire sur ce drame collectif, l’auteur s’attaque à des souvenirs vifs et douloureux, que l’on ait été touché de près ou de loin par cette tragédie. A travers la narration des différents personnages, le livre vient raviver certaines émotions.

A l’image des quelques heures racontées, les 130 pages se lisent d’une traite. Le texte est jonché de courts paragraphes, porté par le suspense du destin des protagonistes. Si l’issue fatale est connue dès les premières lignes, le lecteur retient son souffle jusqu’à la dernière note.

La force de Terrasses tient au poids de sa thématique, à la brutalité de cette nuit, au cauchemar qu’il renvoie. La plume de Laurent Gaudé est linéaire et plate. Il m’a manqué de la sensibilité et de la poésie pour être réellement émue. Ou peut-être était-ce juste une question de timing

 

A lire aussi : Il y a deux ans, je découvrais Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, lauréat du prix Goncourt 2004. Ma chronique est à lire par ici.

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Quel autre roman de Laurent Gaudé me recommandez-vous ?

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Commentaires (4)
Sylvie2024-07-02 15:19:32Répondre

J’ai aimé cette lecture ,ainsi que la pièce . Touchée de près par cette nuit , j’ai trouvé cette lecture apaisante, ainsi que la pièce de théâtre : l’horreur on l’a déjà vécue . C’est un très beau témoignage pour de souvenir , pour ne pas oublier .
En revanche , le lambeau est très violent . Il faut d’attendre à faire des cauchemars, mais c’est un très beau récit , l’auteur fait preuve de beaucoup de délicatesse pour décrire ce drame .
Laurent vit et écrit sur le monde qui l’entoure , décrypte le tragique . Son ptemier roman Cris est extraordinair. Laurent Gaudé nous montre la face cachée, la plus noire de l’humanité

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Michel2024-07-01 14:39:37Répondre

Peut-être le livre n'est-il pas à la "hauteur" de l'évènement ? Comme pour le 11 septembre, qui ne se souvient où il/elle était en apprenant l'horreur de la nuit parisienne ? Moi, j'étais en retraite dans un monastère et l'information a franchi la barrière des moniales bénédictines, c'est tout dire. En fait, j'attends encore le grand livre global dans le style d'un Tom Wolfe.

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mademoisellelit2024-07-02 10:01:45Répondre

Peut-être... On m'a beaucoup parlé du Lambeau de Philippe Lançon sur les attentats du 7 janvier à Charlie Hebdo. Mais je pense qu'il faut être préparé pour une telle lecture.

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Amandine2024-07-01 14:37:14Répondre

Pour le coup, ayant été touchée 'd'assez près par cet évènement, je songe sérieusement à envisager cette lecture. Je connais peu les livres de l'auteur, mais celui-ci m'interpelle. Merci pour tes mots, Maïté, et pour cette nouvelle chronique !

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mademoisellelit2024-07-02 09:59:09Répondre

Si tu t'y sens préparée, n'hésite pas. Je serais curieuse d'avoir ton ressenti après lecture.

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Hélène Moittié2024-06-30 11:15:27Répondre

Oh … première fois que je ne partage pas trop trop votre avis. Moi j’ai vraiment adoré. J’ai trouvé la construction et l’écriture subtiles, ciselées. J’y ai trouvé la bonne distance avec les protagonistes : on ressent mais on n’est pas dans le pathos. Coup de cœur pour moi !

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mademoisellelit2024-07-02 09:57:52Répondre

Cela arrive. ;) Je savais que je serai à contre-courant sur ce coup-là ! Je comprends qu'on puisse apprécier sa plume et son univers.

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