Sujet inconnu – Loulou Robert
Note : 8.5/10
Quatrième de couverture :
J’avais huit ans quand j’ai su que je ne finirais pas mes jours ici. Qu’ici je ne deviendrais personne. Qu’ici je n’aimerais personne. Qu’ici, rien. Je ne ressentirais rien.
J’avais huit ans et j’ai décidé de partir un jour. J’ai choisi de ressentir. J’ai choisi de souffrir. À partir de là, je suis condamnée à cette histoire.
Sujet inconnu, c’est, dans un style brut et très contemporain, l’histoire d’un amour qui tourne mal. Entre jeux de jambes et jeux de mains, l’héroïne de ce roman boxe, court, tombe, se relève, danse, au rythme syncopé de phrases lapidaires et d’onomatopées. Plus la violence gagne le récit, plus on est pris par cette pulsation qui s’accélère au fil des pages. Un roman écrit d’une seule traite, d’un seul souffle, dans l’urgence de gagner le combat, dans l’urgence de vivre, tout simplement.
« Je pensais que ma douleur me protégerait de toutes les autres. Je pensais être forte. Plus forte. Que toi. Que tout. Je pensais pouvoir tout arrêter. Partir avant. Avant quoi? Toi. Toi, tu ne pars pas. Je pensais garder le contrôle. Être lucide. C’est le pire. J’étais lucide. »
Mon avis :
Après mes coups de cœur pour Bianca en 2016 et Hope l’année suivante, j’étais heureuse de retrouver la plume de Loulou Robert avec son dernier roman, Sujet inconnu. L’autrice grandit, ses histoires mûrissent avec elle.
Dans ce nouveau roman, la narratrice débarque à Paris pour y faire ses études. Elle quitte le logement douillet de ses parents et les bras chauds de sa maman pour construire sa vie d’adulte. Une rencontre amoureuse va la faire basculer dans la violence et les coups. Et la douceur maternelle ne sera bientôt plus là pour la protéger…
Loulou Robert confirme ses talents d’écriture avec Sujet inconnu. Le texte court et incisif donne de la force à l’histoire de cette jeune femme, le rythme est rapide, l’urgence est de vivre, tant qu’il est encore temps. La beauté et la brutalité des mots s’entrechoquent. Le lecteur est forcément interpellé par cette plume si différente. Loulou Robert affirme son style, comme la musique de Françoise Sagan.
Après avoir écrit sur l’anorexie, la souffrance adolescente ou le mannequinat, la romancière nous embarque dans une sorte de « trio amoureux ». L’héroïne va vivre une histoire d’amour passionnelle et exclusive avec un homme qui s’avère être violent avec le temps. La mère de la jeune femme est contre cette relation qu’elle devine malsaine. Elle sombre dans la maladie, et s’éloigne de sa fille petit à petit.
Naviguant entre l’autobiographie et le roman, l’autrice aime tromper le lecteur. Cette jeune fille de l’Est lui ressemble étrangement et son père journaliste pourrait nous faire penser à Denis Robert (écrivain et père de Loulou Robert). La protagoniste écrit elle aussi et nous raconte sa rencontre avec son éditrice. Le reste lui est-il arrivé? La maladie de sa mère? Cette relation amoureuse fulgurante et blessante? La question se pose durant toute la lecture, comme c’était déjà le cas dans ses deux précédents ouvrages.
Cette frontière entre le réel et le romancé participe sûrement au succès de ses livres. L’important n’est pas là, Loulou Robert nous bouleverse avec sa plume et ses maux. Chaque récit est une petite claque pour le lecteur, un moment trop court qu’on aimerait prolonger et qui nous donne envie d’y regoûter.
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