Sorcières, Mona Chollet : Mon avis
Quatrième de couverture :
Qu’elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l’Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ? Ce livre en explore trois et examine ce qu’il en reste aujourd’hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante –; puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant –; puisque l’époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d’horreur. Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s’est développé alors tant à l’égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.
La puissance invaincue des femmes.
Je suis faite d’a priori. Ce constat s’est imposé à moi après la lecture de Sorcières. Peu intéressée par les mythes et légendes, les histoires de sorcellerie ou, plus récemment, la saga Harry Potter, le livre de Mona Chollet ne m’était pas destiné. Poussée par les mots d’une amie lectrice, j’y suis allée à tâtons, persuadée de l’abandon de ma lecture…
Loin du conte féerique et des potions magiques que je m’étais imaginée, l’essayiste dresse un portrait moderne de la femme sorcière. Du XVIIe siècle où elle était chassée et tuée, à notre époque où le combat féministe reste à mener, Mona Chollet s’interroge sur les inégalités et les clichés qui perdurent. A travers sa propre expérience, des articles de presse ou divers témoignages, l’autrice développe sa pensée.
« Il m’a fallu un temps étonnamment long pour mesurer le malentendu que recouvraient la débauche de fantaisie, l’imagerie d’héroïne aux superpouvoirs associées aux sorcières dans les productions culturelles qui m’entouraient. Pour comprendre que, avant de devenir un stimulant pour l’imagination ou un titre honorifique, le mot « sorcière » avait été la pire des marques d’infamie, l’imputation mensongère qui avait valu la torture et la mort à des dizaines de milliers de femmes. »
Si j’ai peiné à lire l’introduction sur l’Histoire des sorcières, chargée et quelque peu indigeste, le reste m’a beaucoup plu ! S’inspirant de l’expression de Virginia Woolf, Mona Chollet explore d’abord le thème de l’indépendance de la femme et sa vie à soi. Elle évoque ensuite la maternité, et le désir parfois de non-maternité, avant de se pencher sur le sujet de la vieillesse. Son ouvrage se referme sur une dernière partie plus généraliste, dédiée à la vision du monde. Elle y traite par exemple du milieu médical à l’égard des femmes.
Très instructif, le texte de Mona Chollet interpelle et invite à la réflexion. D’un ton engagé, l’écrivaine n’hésite jamais à dénoncer, argumentant ses propos par des données statistiques ou des références culturelles internationales. Féministe dans l’âme et impliquée dans la cause écologiste, la trentenaire sans enfant que je suis s’est évidemment retrouvée dans les mots de Mona Chollet. Sa colère est la mienne et je ne peux que me réjouir de voir ce genre de publications croître sur les étagères de nos librairies.
Le chemin est encore long mais la puissance des femmes est infinie. Un récit comme Sorcièresfait évoluer les courants de pensée. Par ses écrits, l’autrice milite pour une meilleure reconnaissance des droits des femmes. Je sais aujourd’hui que je lirai ses autres documents avec plaisir !