Son odeur après la pluie, Cédric Sapin-Defour : Mon avis
Quatrième de couverture :
C’est une histoire d’amour, de vie et de mort. Sur quel autre trépied la littérature danse-t-elle depuis des siècles ? Dans Son odeur après la pluie, ce trépied, de surcroît, est instable car il unit deux êtres n’appartenant pas à la même espèce : un homme et son chien. Un bouvier bernois qui, en même temps qu’il grandit, prend, dans tous les sens du terme, une place toujours plus essentielle dans la vie du narrateur. Ubac, c’est son nom (la recherche du juste nom est à elle seule une aventure), n’est pas le personnage central de ce livre, Cédric Sapin-Defour, son maître, encore moins. D’ailleurs, il ne veut pas qu’on le considère comme un maître. Le héros, c’est leur lien. Ce lien unique, évident et, pour qui l’a exploré, surpassant tellement d’autres relations. Ce lien illisible et inutile pour ceux à qui la compagnie des chiens n’évoque rien. Au gré de treize années de vie commune, le lecteur est invité à tanguer entre la conviction des uns et l’incompréhension voire la répulsion des autres ; mais nul besoin d’être un homme à chiens pour être pris par cette histoire car si pareil échange est inimitable, il est tout autant universel. Certaines pages, Ubac pue le chien, les suivantes, on oublie qu’il en est un et l’on observe ces deux êtres s’aimant tout simplement.
C’est bien d’amour dont il est question. Un amour incertain, sans réponse mais qui, se passant de mots, nous tient en haleine. C’est bien de vie dont il est question. Une vie intense, inquiète et rieuse où tout va plus vite et qu’il s’agit de retenir. C’est bien de mort dont il est question. Cette chose dont on ne voudrait pas mais qui donne à l’existence toute sa substance. Et ce fichu manque. Ces griffes que l’on croit entendre sur le plancher et cette odeur, malgré la pluie, à jamais disparue.
Un phrasé grandiloquent.
Le bouche à oreilles fonctionne. Si certains en doutent, Cédric Sapin-Defour en est un admirable exemple ! Après une parution discrète fin mars, Son odeur après la pluie connaît un vrai succès en librairie. Le livre a également remporté le prix 30 Millions d’amis la semaine dernière. De quoi inciter de nouveaux lecteurs à découvrir l’histoire d’Ubac…
C’est une petite annonce dans un journal local qui a tout enclenché. Quelques lignes inscrites noir sur blanc, révélant l’existence d’une portée de douze bouviers, à adopter. Notre impulsion génère parfois les plus beaux et grands changements de notre vie. Celle de Cédric ce jour-là l’amena à prendre la route, pour aller à la rencontre du jeune chiot en photo. Le projet d’adoption n’a pas eu le temps de se dessiner dans son esprit. Au moment où leurs regards se sont croisés, l’engagement était acté…
Il s’appelle Ubac, parce qu’il faut bien lui trouver un nom – j’ai appris que le terme de prénom ne s’employait pas chez les animaux. Deux syllabes, pour faciliter la communication. Et le U, c’est l’année qui l’a décidé. Ubac est un bouvier bernois, mais que vous ayez eu un caniche, un chat de gouttière, ou que vous soyez totalement épidermique à l’idée d’avoir un animal de compagnie, la relation d’Ubac et son maître vous marquera.
« Il est touchant d’observer ces propriétaires d’animaux qui ne sont pas tous nés dans l’aisance, comme ils sont prêts à consacrer beaucoup d’un faible trésor à leurs chiens, à leurs chats, à leurs ânes, à leurs autres ridicules,se privant de beaucoup d’écrans plats, de week-ends à Majorque et de ce qui serait pour d’autres non négociables. »
Cédric Sapin-Defour raconte treize années de partage, d’amour, de fidélité et de routines avec son chien. Du premier jour fébrile de la rencontre, au dernier moment si éprouvant, l’auteur retrace les petites joies du quotidien et la complicité qui les unit. En 13 ans, Ubac aura apprivoisé un autre humain en la personne de Mathilde, la compagne du narrateur. Il aura accepté l’arrivée d’un second chien, et accueilli sa progéniture.
Si le fond est beau, puissant et touchant, la forme du récit m’a dérangée. Dès les premiers instants, l’écriture métaphorique et pompeuse m’a gênée. Derrière ce ton, l’auteur donne l’impression de vouloir trop en faire, de se « regarder écrire ». Le confort de lecture en est affecté.
Malgré quelques larmes échappées dues aux souvenirs personnels avec Caramel (mon chat disparu il y a deux ans), j’ai le sentiment d’être passée à côté de ce texte. Cédric Sapin-Defour signe une œuvre presque trop littéraire pour laisser filtrer l’émotion… C’est dommage !
A lire plutôt : dernier coup de cœur en date côté littérature animale : Les Mémoires d’un chat de Hiro Arikawa. Je vous en parlais par ici.
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Avez-vous lu l’un de ces livres ?
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