Risibles amours, Milan Kundera : Mon avis
Quatrième de couverture :
« »Suppose que tu rencontres un fou qui affirme qu’il est un poisson et que nous sommes tous des poissons. Vas-tu te disputer avec lui ? Vas-tu te déshabiller devant lui pour lui montrer que tu n’as pas de nageoires ? Vas-tu lui dire en face ce que tu penses ? » Son frère se taisait, et Édouard poursuivit : « Si tu ne lui disais que la vérité, que ce que tu penses vraiment de lui, ça voudrait dire que tu consens à avoir une discussion sérieuse avec un fou et que tu es toi-même fou. C’est exactement la même chose avec le monde qui nous entoure. Si tu t’obstinais à lui dire la vérité en face, ça voudrait dire que tu le prends au sérieux. Et prendre au sérieux quelque chose d’aussi peu sérieux, c’est perdre soi-même tout son sérieux. Moi, je dois mentir pour ne pas prendre au sérieux des fous et ne pas devenir moi-même fou. » »
Initiation manquée.
La lecture est souvent une affaire de timing. Il suffit de trouver « le bon livre pour le bon moment« , scandait Claire au micro de son podcast littéraire Pile. Découvrir la plume de Kundera lors d’un trajet Paris – Nancy en TGV et à travers un recueil de nouvelles (j’accroche rarement aux nouvelles) n’était pas la meilleure idée pour l’apprécier ! Paru chez Gallimard en 1970, la couverture Folio toute neuve de Risibles amours m’avait attirée en librairie.
Lorsque le narrateur s’engage à aider le camarade Zaturecky dans la promotion de son étude universitaire, il a conscience de son usurpation, mais pas de ses conséquences. Notre héros n’a aucunement l’intention d’apporter son soutien à M. Zaturecky. Mais, au lieu d’opter pour la facilité et l’honnêteté en refusant cette mission, le jeune homme s’embourbe dans son mensonge, en faisant croire à tous son engagement…
Le pitch de Personne ne va rire, première nouvelle du livre, donne le ton à l’univers du recueil. Dans Risibles amours, Milan Kundera déploie sept histoires courtes (l’ouvrage compte 315 pages au total), dans lesquelles il traite du sentiment amoureux, du désir, du mensonge ou encore de la trahison.
« Sans nous en douter, nous étions depuis longtemps découverts. Une seule chose restait encore ignorée de nos persécuteurs : le nom de Klara. C’est grâce à ce seul petit secret que nous pouvions encore échapper à Mme Zaturecky qui engageait la lutte avec un esprit méthodique et une obstination qui me donnaient la chair de poule. Je compris que ça devenait sérieux ; que cette fois le cheval de mon aventure était joliment bien sellé. »
L’auteur tchèque offre à ses protagonistes des situations burlesques et cocasses, dont on rit beaucoup. Des scènes à l’humour pince sans rire, qui m’ont rappelé l’esprit des textes de Marcel Pagnol. A l’image du Papet dans Jean de Florette, les personnages de Milan Kundera se font prendre à leur propre piège.
Que s’est-il passé alors ? Pourquoi aborder la question de l’instant en intro de mon article si je compare ensuite Kundera à mon auteur classique préféré ? L’enchaînement de ces « historiettes », c’est le recommencement perpétuel du schéma narratif : de nouveaux personnages entrent dans la danse et une intrigue différente s’installe à chaque fois. Enfoncée dans mon fauteuil SNCF à l’affût des bruits parasites, ma concentration était loin d’être à son maximum… J’ai très vite déchanté avec la fatigue du voyage et les voisins trop présents.
Citée régulièrement en référence par les auteurs contemporains que j’aime lire (Leïla Slimani, David Foenkinos, etc), la plume de Milan Kundera me semblait inaccessible. Si j’ai opté pour la forme de la nouvelle, c’est par crainte de ne pas réussir à lire son grand succès L’insoutenable légèreté de l’être. Me le recommandez-vous ?
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Avez-vous déjà lu cet auteur ?
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