Quand tu écouteras cette chanson, Lola Lafon : Mon avis
Quatrième de couverture :
« Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment. Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ? Celle d’une jeune fille, qui n’aura pour tout voyage qu’un escalier à monter et à descendre, moins d’une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l’imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J’imaginais la nuit propice à accueillir l’absence d’Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s’est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l’Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver. »
Mon avis :
Les doigts tremblants, j’approche le clavier, craintive d’écorcher le récit offert par Lola Lafon. Évoquer Quand tu écouteras cette chanson, c’est vous parler de ma plus grosse claque littéraire de l’année. Si j’hésite sur les mots à employer, je suis sûre d’une chose : l’émotion ressentie à sa lecture le mois dernier reste intacte. J’espère maintenant vous la communiquer…
Dans la continuité de la collection Ma nuit au musée initiée par les éditions Stock en 2018, Lola Lafon s’est rendue à L’Annexe, le musée Anne Franck, à Amsterdam. Un lieu choisi, qui n’a rien du hasard et qui fait écho à sa trajectoire personnelle. Cette nuit est l’occasion pour l’écrivaine de revenir sur la parution du Journal d’Anne Frank et l’histoire de sa propre famille.
Comment appréhender un tel moment ? Comment apprivoiser un lieu comme celui-ci ? Que sait-on aujourd’hui des carnets de l’adolescente ? Que nous reste-t-il, de la lecture de son journal, à l’âge adulte ? A travers l’expérience de cette nuit blanche, unique et peut-être finalement, indescriptible, Lola Lafon revient sur le désir d’écriture d’Anne Frank. Aidée par le témoignage d’une ancienne voisine, l’autrice révèle certains faits méconnus autour de la parution du livre.
« Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. Je suis venue en éprouver l’espace car on ne peut éprouver le temps. On ne peut pas se représenter la lourdeur des heures, l’épaisseur des semaines. Comment imaginer vingt-cinq mois de vie cachés à huit dans ces pièces exiguës ? »
Repoussant l’instant où elle entrerait dans la chambre d’Anne Frank, la romancière se remémore le destin tragique de ses ancêtres. Juifs et émigrés de Russie, ils n’ont pas échappé à la déportation. Un passé douloureux qui rend aujourd’hui le travail de mémoire essentiel.
Porté par une plume magistrale, Quand tu écouteras cette chanson est de ces instruments culturels nécessaires, pour ne jamais oublier. Un texte d’une beauté et d’une puissance inouïes, chef d’œuvre de cette rentrée littéraire. Un récit à découvrir et à transmettre, avant, pourquoi pas, de relire le Journal d’Anne Frank.
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Connaissiez-vous la collection Ma nuit au musée ?
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