Quand notre terre touchait le ciel, Tsering Yangzom Lama : Mon avis
Quatrième de couverture :
1959, l’armée chinoise envahit le Tibet, détruisant temples et statues sur son passage alors que s’enfuit le dalaï-lama. Dans leur village de montagne, Lhamo, sa sœur Tenkyi et leurs parents sont particulièrement exposés, car la mère est une oracle désignée pour communiquer avec les esprits. C’est elle qui guidera ses proches à travers l’Himalaya, vers la frontière népalaise où ils espèrent rebâtir une communauté, dans l’attente de retrouver leur terre natale.
Saga familiale, roman de l’exil et de la perte ciselé de poésie et de spiritualité, Quand notre terre touchait le ciel raconte le destin d’un pays sacrifié, la douloureuse nostalgie d’une terre qu’on a quittée et la force inébranlable des liens familiaux.
En quête d’identité.
L’évasion et la découverte d’autres cultures comptent parmi les pouvoirs les plus extraordinaires de la littérature. Lorsque je reçois le premier roman de Tsering Yangzom Lama, je devine, en observant sa couverture, la promesse d’un nouveau voyage. Quand notre terre touchait le ciel est paru en février dernier aux éditions Buchet Chastel.
Le récit de Lhamo démarre en 1962, sur les routes du Népal, aux côtés de ses parents et sa petite sœur Tenkyi, loin de leur terre natale tibétaine. En réalité, le Tibet a été envahi par les Chinois un peu plus tôt, en 1959, et l’adolescente a déjà 14 ans lorsqu’elle raconte le périple familial. Jusqu’en 2012, une minuscule statuette, nommée le Saint Sans nom, sera au cœur de toutes les préoccupations de Lhamo et de ses proches…
Très tôt livrée à elle-même après la disparation de ses parents, Lhamo devra veiller sur sa sœur Tenkyi, son oncle vieillissant, et sur ce petit Saint, gage de destinée.
« Le monde nous a oubliés. Pour la plupart des gens, nous ne comptons pas.Comment sinon, pourraient ils s’échanger nos dieux à la manière de possessions dans l’enceinte stérile de musées et de collections privées, comme si nous avions disparu depuis longtemps ? »
Sans conteste inspiré de l’histoire personnelle de l’écrivaine – ou, du moins, en écho à celle de ses ancêtres – et par le biais d’une intrigue autour du vol de l’objet spirituel, le roman aborde différentes thématiques inhérentes au déracinement. Alternant les narrateurs et la chronologie, Tsering Yangzom Lama étudie la quête de sens, les liens du sang, la richesse des connaissances. A travers des héroïnes fortes et solidaires, l’autrice met en avant le poids de la sororité et la place de la femme.
Près de six cents pages d’un texte fluide, porté par la juste traduction de Claire-Marie Clévy, engagé et animé par un léger suspense. A la fois conte initiatique, récit d’aventure et saga familiale, Quand notre terre touchait le ciel revient sur les rites et coutumes d’un peuple méconnu, peu défendu en littérature.
J’ai aimé apprendre aux côtés de Lhamo, Tenkyi, Samphel, et Dolma. Et en lisant Tsering Yangzom Lama, je me suis demandée : qu’aurais-je fait à leur place ? Aurais-je enfoui, comme Ama et les autres, mes objets personnels, avant de fuir ? Aurais-je enterré, mes livres, mes photos, mes bijoux, dans l’espoir de revenir les chercher ? Et vous, qu’auriez-vous fait ?
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Connaissez-vous d’autres récits autour du Tibet ?
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