Prodigieuses créatures, Tracy Chevalier : Mon avis
Quatrième de couverture :
Dans les années 1810, à Lyme Regis, sur la côte du Dorset battue par les vents, Mary Anning découvre ses premiers fossiles et se passionne pour ces « prodigieuses créatures » dont l’existence remet en question toutes les théories sur la création du monde. Très vite, la jeune fille issue d’un milieu modeste se heurte aux préjugés de la communauté scientifique, exclusivement composée d’hommes, qui la cantonne dans un rôle de figuration.
Mary Anning trouve heureusement en Elizabeth Philpot une alliée inattendue. Celte vieille fille intelligente et acerbe, fascinée par les fossiles, l’accompagne dans ses explorations. Si leur amitié se double peu à peu d’une rivalité, elle reste, face à l’hostilité générale, leur meilleure arme.
Sororité et sciences naturelles.
Je l’évoquais récemment dans un article dédié à la littérature américaine, j’ai lu Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier, paru en 2010 aux éditions de La Table Ronde. Après La jeune fille à la perle et La brodeuse de Winchester découverts également dans l’année, cette lecture fut la plus belle des trois.
Encouragées à libérer la maison familiale pour y loger l’épouse de leur frère, Elizabeth Philpot et ses sœurs choisissent de poser bagage sur la côte, dans le village de Lyme Regis. A son arrivée, la jeune femme rencontre les Anning, dont l’activité familiale l’interpelle. Mary Anning et son père passent leurs journées au pied des falaises, à la recherche de vieux ossements. Après nettoyage et restauration, les fossiles sont exposés et vendus à des collectionneurs. Bientôt, le squelette d’un étrange crocodile apparaît sous les outils de Mary…
« J’en arrive à oublier que les gens voient les fossiles comme des ossements. Ils le sont, en effet, mais j’ai tendance à les considérer davantage comme des œuvres d’art qui nous rappellent ce qu’était autrefois le monde. »
Parmi les dénominateurs communs des livres de Tracy Chevalier, il en est un que j’apprécie particulièrement. Pour les trois ouvrages cités, l’autrice part du portrait d’une ou plusieurs personnalités du passé pour déployer son roman. Qu’il s’agisse du peintre Vermeer, des brodeuses de Winchester ou de Mary Anning au début du XIXe siècle, la fiction se fond à la réalité avec brio.
Ici, l’écrivaine s’intéresse à un point de bascule scientifique majeur, amorcé grâce aux nombreuses découvertes en fossiles. Le récit est documenté et passionnant.
L’ADN « Tracy Chevalier », c’est aussi de la sororité, un ton résolument féministe et avant-gardiste, et la description d’héroïnes libres. Curieuse, passionnée de nature, Elizabeth aide la jeune Mary dans sa quête. Une amitié profonde se construit entre les deux femmes.
A cela s’ajoutent une plume de qualité et une traduction réussie, signée Anouk Neuhoff. En choisissant la double narration, Tracy Chevalier donne la parole à ses deux partenaires. A travers leurs récits, le livre expose les classes sociales de l’époque en Angleterre, la différence d’une vie à la ville ou à la campagne.
Coup de cœur !
A lire aussi : La détermination et la soif d’apprendre d’Elizabeth dans Prodigieuses créatures m’ont rappelés le destin incroyable de la jeune Alma Whittaker dans L’empreinte de toute chose d’Elizabeth Gilbert. A lire absolument.
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Quel(s) autre(s) roman(s) de l’écrivaine me recommandez-vous ?
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