Paris-Briançon, Philippe Besson : Mon avis
Quatrième de couverture :
Rien ne relie les passagers montés à bord du train de nuit n°5789. À la faveur d’un huis clos imposé, tandis qu’ils sillonnent des territoires endormis, ils sont une dizaine à nouer des liens, laissant l’intimité et la confiance naître, les mots s’échanger, et les secrets aussi. Derrière les apparences se révèlent des êtres vulnérables, victimes de maux ordinaires ou de la violence de l’époque, des voyageurs tentant d’échapper à leur solitude, leur routine ou leurs mensonges. Ils l’ignorent encore, mais à l’aube, certains auront trouvé la mort. Ce roman au suspense redoutable nous rappelle que nul ne maîtrise son destin. Par la délicatesse et la justesse de ses observations, Paris-Briançon célèbre le miracle des rencontres fortuites, et la grâce des instants suspendus, où toutes les vérités peuvent enfin se dire.
Aller simple pour un roman brillant.
Cela fait des semaines qu’il traîne sur mon bureau. Des jours entiers que j’attends l’aval de MonsieurLit pour saisir mes émotions sur le clavier. Mon conjoint est mon correcteur officieux. Il lit et relit tous mes articles. Alors, quand il m’annonce vouloir à son tour découvrir le dernier Philippe Besson, je sais que je ne suis pas autorisée à le spoiler en rédigeant ma chronique. Un mois plus tard, il repose, heureux, le livre sur mon bureau. L’heure est enfin venue de vous en parler.
Paris-Briançon, vingt-troisième ouvrage de l’auteur, est paru chez Julliard en début d’année.
Nul ne peut expliquer le hasard d’une rencontre. Se retrouver dans un train où, à l’arrivée, plusieurs passagers auront trouvé la mort, plutôt que de prendre le suivant. Certains appellent cela le destin. D’autres, la providence. Catherine, Julia, Alexis ou encore Victor n’auraient a priori jamais dû se croiser hors du Paris-Briançon n°5789. Ce long voyage de nuit va leur imposer l’échange, la parole, et bientôt, l’entraide. Une simple coïncidence, qu’aucun d’eux ne pourra plus jamais oublier.
« Bientôt, le train s’élancera, pour un voyage de plus de onze heures. Il va traverser la nuit française. Pour le moment, les passagers montent à bord, joyeux, épuisés, préoccupés ou rien de tout cela. Parmi eux, certains seront morts au lever du jour. »
Encore un joli coup de maître pour Philippe Besson ! Si l’auteur s’est inspiré d’Agatha Christie pour déployer un huis-clos captivant, il y met sa touche personnelle par les sujets qu’il aborde. Homosexualité, jeunesse, politique… L’écrivain offre une dizaine de personnages différents, déçus, blessés, en quête parfois de reconstruction, épanouis, curieux ou libres. Ils ne se connaissaient pas en montant à bord, la promiscuité du lieu va les obliger à s’apprivoiser.
L’intrigue est simple et énoncée sans ambages : quelques-uns de nos héros ne vont pas survivre à ce trajet. Au lecteur de ne pas trop s’attacher… Roman chorale au suspense efficace, Paris-Briançon m’a aussi rappelé le très bon Monument national de Julia Deck.
Un texte court, sans fioriture, à l’écriture incisive, pour nous tenir en haleine jusqu’au bout. Le pari est réussi. Philippe Besson démontre une fois de plus que la qualité prime sur la quantité. Comme beaucoup, j’ai été emportée par ce scénario implacable et il m’a été difficile de lâcher le récit. Grâce au talent de l’écrivain, j’étais aux côtés des protagonistes, vibrant pour eux et pour leur survie.
Un succès mérité Monsieur Besson.