Pamela, Stéphanie des Horts : Mon avis
Quatrième de couverture :
Légère, séduisante, insolente, Pamela décide très tôt de capturer l’homme qui la mènera à la gloire. Randolph Churchill, qu’elle épouse à dix-neuf ans, Ali Khan, Agnelli, Sinatra, Harriman, Druon, Rubirosa, Rothschild… aucun ne résiste à son charme. S’ils ont le pouvoir, elle exerce sur eux une attirance fatale. Ils l’ont tous désirée. Elle les a tous aimés. Les conquêtes de Pamela sont des alliances, des trophées qu’elle brandit sans crainte de choquer les cercles mondains. Elles vont lui ouvrir les portes du pouvoir et de la diplomatie, jusqu’alors réservées aux hommes, et lui permettre d’assumer toutes ses libertés. Scandaleuse ? Intrigante ? Courtisane ? La ravissante anglaise à la réputation sulfureuse, morte comme une légende dans la piscine du Ritz à Paris où elle était ambassadrice des États-Unis, a emporté ses secrets.
« Ils l’ont tous désirée, elle les a tous aimés.«
D’abord, il y a la découverte de cette plume audacieuse et originale. Celle de Stéphanie des Horts dans Jackie & Lee(2020, éd. Albin Michel). Il y a ce ton, libertin, qui sied si bien à ses héroïnes. Puis les mots de mon amie Adélaïde au sujet de Pamela, et son livre de poche glissé en cadeau dans ma boîte aux lettres. « J’aime quand les livres voyagent« , me dit Adélaïde. J’accepte le présent, et me fais la promesse de vous en parler rapidement.
Lire Stéphanie des Horts, c’est se plonger avec délice dans les antres du passé, observer le culot de ces grands noms, et sourire aux mesquineries de chacun.
Cette fois, l’écrivaine s’intéresse à Pamela Churchill, néé Digby le 20 mars 1920. Le nom de Churchill, c’est Randolph qui le lui donnera, le fils de Winston Churchill, qu’elle épousera à l’âge de dix-neuf ans, alors que la guerre s’apprête à éclater. Si le mariage ne dure pas, le nom de famille, lui, restera. Averell Harriman, Ali Khan, Maurice Druon, Elie de Rothschild, Leland Hayward, Frank Sinatra… Pamela multiplie les conquêtes et prend peu à peu le pouvoir. Celle qui deviendra première femme ambassadrice des États-Unis à Paris aura aimé et aura été aimée passionnément toute sa vie.
« La vie n’oublie rien. La vie se moque de tout, songe Pamela en glissant ses jambes mordorées dans la piscine du château de l’Horizon, la demeure du prince Ali Khan. Elle pense à Winston Churchill, son beau-père. Il est descendu ici à de nombreuses reprises, du temps de Maxine Elliott. Mais qui se souvient encore de la pauvre Maxine, étoile morte du cinéma muet ? « My dear papa« , murmure Pamela du bout des lèvres. Il a tellement pleuré quand il a appris sa disparition. Personne ne soupçonne l’illustre Winston Churchill de verser des larmes. Mais Pamela sait tant de choses que nul ne connaît. »
Frivole, légère, catin ou croqueuse d’homme, Pamela n’en a que faire de ces injures et des nombreux ragots colportés à son sujet. Née en 1920, ayant vécu aux côtés du clan Churchill durant la Seconde guerre mondiale, la jeune Anglaise est surtout une femme libre, qui ne veut dépendre de rien, ni personne. Elle qui aura à cœur de conseiller son beau-père, comme plus tard elle le fera avec Bill Clinton aux pieds des marches de la Maison Blanche, a soif de reconnaissance.
Sexe, argent, paillettes et petits-fours. Sa vie est digne d’un roman et Stéphanie des Horts la retranscrit avec brio. Le texte se dévore. Les dialogues imaginés par l’auteure sont particulièrement succulents. Sans jugement ni moquerie, la romancière met en lumière le destin méconnu de la séduisante Pamela. Elle livre ainsi une biographie passionnante, également riche sur le plan politique.
J’ai aimé le portrait de cette femme flamboyante, à la fois tendre et touchant, et je lui ai trouvé, derrière ces airs de grande manipulatrice, une âme d’éternelle amoureuse au grand cœur.