Pachinko, Min Jin Lee : Mon avis
Quatrième de couverture :
Début des années 1930. Dans un petit village coréen, la jeune Sunja se laisse séduire par les belles paroles et tendres attentions d’un riche étranger. Lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte et que son amant est déjà marié, elle est confrontée à un choix : devenir, comme tant d’autres jeunes femmes dans sa situation, une seconde épouse, une « épouse coréenne » ou couvrir sa famille de déshonneur. Elle choisira une troisième voie : le mariage avec Isak, un pasteur chrétien qu’elle connaît à peine et qui lui offre une nouvelle existence au Japon. Cette décision est le point de départ d’un douloureux exil qui s’étendra sur huit décennies et quatre générations. Avec une justesse historique remarquable et une écriture précise et dépouillée, Min Jin Lee nous offre, à travers un siècle de relations nippo-coréennes, un hymne intime et poignant à tous les sacrifices que font les immigrés pour trouver leur place en pays étranger.
Une épopée familiale.
C’est l’histoire d’un hasard. Celui d’un dimanche matin où, de retour du marché, mon amoureux m’offre un livre par surprise, déjà présent sur mes étagères. Je cours échanger le cadeau avant que la librairie ne ferme. Dans ma précipitation, je choisis ce poche à la couverture flashy et dont Barack Obama fait l’éloge. Pachinko dans les mains, je rentre chez moi encore hésitante sur mon choix. Mais, très vite, vos commentaires tombent par dizaines. Ce roman est incroyable ! Vous l’avez adoré et vous vous réjouissez de le voir mien ! Et d’autres : vous l’avez acheté, encouragé par un ami, un libraire, un article de presse et le livre dort depuis des semaines sur votre table de chevet… Alors l’idée s’impose à moi : nous lirons ensemble Pachinko de Min Jin Lee dans le cadre d’une lecture commune !
Yangjin et Hoonie se sont mariés dans le respect. L’affection, l’amour, sont arrivées après, avec les années. Lorsque leur petite Sunja a décidé de vivre – défiant la malédiction des bébés précédents – le couple a enfin cru au bonheur. Finalement, Hoonie est emporté par une tuberculose, laissant sa femme et sa fille de 13 ans seules, à la tête d’une pension pour pêcheurs. Trois ans plus tard, quand Sunja tombe enceinte d’un homme marié, le destin bascule à nouveau et une décision doit être prise…
« Vous allez voyager en Corée pendant plus de 600 pages ! » m’avait lancé la libraire. « J’aurais bien réclamer 600 pages de plus » ai-je envie de lui répondre aujourd’hui. Avec fluidité et aidée par une traduction réussie, l’autrice nous emporte dès les premiers mots, aux côtés de Yangjin, Hoonie, Sunja et les autres. D’abord en Corée, le récit nous emmène ensuite au Japon après 1933. L’héroïne a dû y fuir et fonder sa famille. Toute leur vie, ces coréens s’interrogeront sur leur propre identité, rejetés au Japon, et pas acceptés dans leur pays d’origine.
« Les futurs époux se rencontrèrent le jour de leur mariage, et Yangjin ne prit pas peur devant le visage d’Hoonie. Trois personnes dans son village étaient nées ainsi, et elle avait l’habitude du bétail et des cochons arborant la même distinction. Une fille de son voisinage avait une protubérance rouge et enflée entre son nez et sa lèvre fendue, ce qui lui avait valu le surnom de Fraise, et cela n’avait jamais semblé poser problème. Quand le père de Yangjin lui avait expliqué que son futur mari ressemblerait à Fraise, mais avec un pied bot, elle n’avait pas versé de larmes, et il lui avait dit qu’elle était une brave fille. »
Min Jin Lee dresse une saga familiale captivante, sur plus de 50 ans d’histoire, dans un contexte politique compliqué. Le rythme est vif, parfois précipité, empêchant certains personnages de s’installer confortablement dans le roman. L’écrivaine bâcle des évènements majeurs, sur lesquels j’aurais aimé m’émouvoir davantage. Je regrette aussi un manque important de détails sur les faits sociétaux des deux pays évoqués. Des notes de bas de pages auraient été nécessaires pour la compréhension du texte.
Heureusement, j’ai été portée par l’écriture et les nombreux rebondissements du scénario. L’autrice déploie une palette incroyable de protagonistes, auxquels on aime s’attacher. Elle nous plonge aussi dans l’univers des Pachinko, grands édifices de jeux d’argent, méconnus pour moi avant la découverte de cette œuvre.
Un bilan en demi-teinte, globalement partagé dans le groupe de lecture commune. (voir vos quelques avis ci-dessous). Si j’ai adoré la longue fresque développée par Min Jin Lee, j’aurais préféré la voir déployer en plusieurs tomes, étoffés par la partie historique.
Un voyage en Asie que je vous recommande tout de même ! 😉
Vos avis…
Sylvie : « Je connaissais déjà le problème des Zainichi, (pour avoir lu d’autres auteurs coréens ). Ici, l’autrice part du principe que les américains connaissent le problème des coréens au Japon, (mais plutôt méconnu en France ), donc il manque d’éléments historiques pour apprécier les vies de tous ces apatrides dans leur propre pays, comprendre pourquoi certains japonisent leur nom en y mettant tout leur honneur. Un roman qui reste du coup un peu ”superficiel « , sans aucunes connotations négatives, mais une lecture fluide et accessible. »
Guillaine : « On a l’impression que le livre n’est pas fini ou alors c’est une fin très ouverte ou c’est à nous d’imaginer la suite… J’ai tellement vu passer ce livre l’an dernier que je suis finalement un peu déçue et m’attendais à mieux au vu des critiques…. »
Titia : « Je viens de le finir et honnêtement j’ai adoré le début de ce roman. Lecture fluide agréable et personnages attachants. Hélas avec les bonds dans le temps j’ai décroché petit à petit ce qui est dommage. Je le recommande quand même. »
Céci : « Je suis vraiment restée spectatrice du début à la fin, je ne me suis pas attachée aux personnages je n’ai pas pleuré pour eux j’ai parfois été révolté vis-à-vis de certaines situations mais j’ai vraiment gardé du recul et j’ai apprécié l’humilité des personnages. Leur bonté me paraît un peu trop romanesque mais c’est la seule critique que j’ai. Je suis tout de même restée sur ma fin/faim j’ai trouvé que le livre se terminait assez brutalement et j’ai passé toute la journée à me dire « je retourne à ma lecture » et à chaque fois « ah mais non ! j’ai déjà terminé le livre ». »
Lætitia : « Dans l’ensemble j’ai aimé suivre chaque personnage mais parfois (voir souvent) j’ai été déçue que certains passages ne soient pas assez approfondies, des chapitres trop courts…..dommage. Sinon j’ai quand même découvert la vie qu’avait les Coréens au Japon durant (et après) la guerre… »