Nos richesses, Kaouther Adimi : Mon avis
Quatrième de couverture :
En 1935, Edmond Charlot, 20 ans, ouvre une librairie à Alger avec la volonté de promouvoir de jeunes écrivains de la Méditerranée sans distinction de langue ou de religion.
En 2017, Ryad, 20 ans, étudiant à Paris, n’éprouve qu’indifférence pour la littérature. De passage à Alger, il doit vider de ses livres un local, tâche qui est étrangement compliquée par la surveillance du vieil Abdallah.
Quand la littérature traite de littérature.
Si la lecture est une activité solitaire, elle est aussi affaire de transmission. C’est sûrement toute l’histoire de Nos richesses de Kaouther Adimi (éd. du Seuil, 2017) et ce qui m’a amenée à le lire. Hantée par les mots élogieux d’Hadassah (une lectrice rencontrée lors d’un goûter littéraire), j’ai usé de persévérance en multipliant les librairies pour le trouver. En vous livrant mes émotions aujourd’hui, je tente à mon tour de vous le partager…
Manquant cruellement d’idées pour l’obtention d’un stage pour ses études, Ryad est envoyé à Alger par l’ami de son père. Sa mission : vider une ancienne librairie, détruire les livres et remettre le local à neuf, amené à devenir un commerce de beignets. Dès son arrivée, le jeune homme se confronte au vieil Abdallah, un voisin du quartier choqué d’imaginer tous ces ouvrages à la poubelle…
En 1935, à tout juste vingt ans, Edmond Charlot crée Les Vraies Richesses. Au cœur de la capitale algérienne et inspirée du roman de Jean Giono, cette boutique hybride mêle à la fois librairie, vente de livres d’occasion et maison d’édition. Féru de littérature, le jeune éditeur prend également la plume pour alimenter son journal de bord et coucher sur papier ses plus belles rencontres.
« Vous parviendrez enfin rue Hamani, l’ex rue Charras. Vous chercherez le 2 bis que vous aurez du mal à trouver car certains numéros n’existent plus. Vous serez face à une inscription sur une vitrine : Un homme qui lit en vaut deux. Face à l’Histoire, la grande, celle qui a bouleversé ce monde mais aussi la petite, celle d’un homme, Edmond Charlot, qui en 1936, âgé de vingt et un ans, ouvrit la librairie de prêt Les Vraies Richesses. »
Comme j’aurais aimé y être ! Comme j’aurais voulu échanger, comme le fit Edmond Charlot, avec Albert Camus, Jean Giono, Emmanuel Roblès… Il fut le premier à leur faire confiance en les éditant. A travers son carnet de notes (inventé par l’autrice mais rédigé d’après de nombreux documents retrouvés), on devine les discussions passionnantes de tous ces intellectuels, la dévotion incroyable d’Edmond Charlot et le contexte politique de l’époque.
En parallèle de la fiction portée par le personnage de Ryad en 2017, Kaouther Adimi ravive les grands succès éditoriaux d’Edmond Charlot, ses difficultés, ses échecs. Elle dresse le portrait d’un homme infatigable, combatif, émerveillé par les mots.
Ce texte est une ode à la littérature et à nos écrivains. Lire Nos richesses, c’est avoir une folle envie de relire Camus, Giono et les autres. C’est résister à l’idée de prendre un avion pour aller flâner dans les rues d’Alger, à la recherche de cette librairie, toujours en place aujourd’hui.
Un bijou à partager autour de soi, pour que vive toujours l’amour des livres.
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Êtes-vous tenté par la lecture de ce livre ?
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