Nos résiliences – Agnès Martin-Lugand
Note : 7/10
Quatrième de couverture :
« Notre vie avait-elle irrémédiablement basculé ? Ne serait-elle plus jamais comme avant ? Étrange, cette notion d’avant et d’après. Je sentais que nous venions de perdre quelque chose d’essentiel. Aucune projection dans l’avenir. Aucun espoir. Rien. Le vide. Une ombre planait désormais sur notre vie. Et j’avais peur. Mais cette peur, je devais la canaliser, l’étouffer, l’éloigner, je ne pouvais me permettre de me laisser engloutir. »
Un seul instant suffit-il à faire basculer toute une vie ?
« Je me glissais seule dans notre lit pour la dernière fois avant longtemps. J’aimais l’atmosphère de ces nuits-là. Un mélange d’impatience et de fébrilité. Une excitation à le retrouver. Une appréhension qu’il vive mal son retour. Un goût d’euphorie qui submerge. Une envie d’accélérer le temps et de le ralentir à la fois, tant cette ultime attente était jouissive après un mois d’absence. »
Mon avis :
Quand on demande à Agnès Martin-Lugand comment elle définit le genre littéraire de ses romans, elle répond instinctivement : « je raconte des histoires« . C’est sûrement le souvenir que je garde de ma lecture il y a quelques années de son best-seller Les gens heureux lisent et boivent du café. Une histoire, comme dans la vie de tous les jours, mais qu’on oublie peut-être trop rapidement…
En recevant Nos résiliences, j’ai découvert l’engouement que suscite Agnès Martin-Lugand. Vos nombreux messages me faisant prendre conscience que chaque nouvelle sortie était très attendue. Je décidais donc me plonger sans a priori dans ce nouveau récit.
Alors que Xavier est de retour chez lui après un mois d’absence suite à une mission animalière en Afrique, sa femme Ava le sent préoccupé et absent du cadre familial. Xavier ne s’implique plus et déserte de plus en plus souvent. Mais un accident va venir chambouler ces doutes si futiles et mettre en péril leur complicité nourrie par quinze années d’amour…
Comment continuer à vivre normalement lorsque le malheur surgit subitement ? Xavier se retrouve cloué à un lit d’hôpital après un grave accident de la route. Il a percuté une jeune cycliste sur son passage et ne cesse de se demander si elle a survécu. Sa femme, Ava, imagine que si le quotidien d’avant reprend sa place, la dépression qui naît petit à petit chez Xavier disparaîtra miraculeusement.
Là où l’amour est présent, il n’y a pas de barrière. Agnès Martin-Lugand décrit la force et la passion de ce couple en perdition. L’un plonge dans un mutisme et une auto-destruction, l’autre veut faire comme si le drame n’avait jamais eu lieu. La communication est rompue, ils vont la chercher ailleurs. Qu’aurait-on fait à la place de Xavier ? Comment aurait-on réagit dans la peau d’Ava ? L’auteure nous pousse à la réflexion durant plus de trois cents pages.
Derrière ces deux personnages se cachent d’autres personnalités, plus discrètes, effacées volontairement par l’écrivaine. Lors d’un échange avec elle, Agnès Martin-Lugand nous livrait qu’avec ces non-dits, elle avait voulu laisser libre cours à l’imagination du lecteur. C’est mon grand regret après la lecture de Nos résiliences. En centrant son récit sur Xavier et Ava, la romancière donne l’impression d’avoir survolé le sujet de son livre, de n’avoir pas voulu creuser davantage. J’aurais aimé en apprendre un peu plus sur le timide Idriss, la joviale Carmen ou sur Constance et Sacha.
Aux passionnés de l’auteure, vous ne pourrez que vous régaler de retrouver la plume fluide et percutante de votre idole. Agnès Martin-Lugand sait « raconter des histoires« , elle le démontre une nouvelle fois avec ce livre !