Ne t’arrête pas de courir, Mathieu Palain : Mon avis
Quatrième de couverture :
De chaque côté du parloir de la prison, deux hommes se font face pendant deux ans, tous les mercredis. L’un, Mathieu Palain, est devenu journaliste et écrivain, alors qu’il rêvait d’une carrière de footballeur. L’autre, Toumany Coulibaly, cinquième d’une famille malienne de dix-huit enfants, est à la fois un athlète hors norme et un cambrioleur en série. Quelques heures après avoir décroché un titre de champion de France du 400 mètres, il a passé une cagoule pour s’attaquer à une boutique de téléphonie. Au fil des mois, les deux jeunes trentenaires deviennent amis. Ils ont grandi dans la même banlieue sud de Paris. Ils auraient pu devenir camarades de classe ou complices de jeux. Mathieu tente d’éclaircir « l’énigme Coulibaly », sa double vie et son talent fracassé, en rencontrant des proches. Il rêve qu’il s’en sorte, qu’au bout de sa course, il se retrouve un destin.
Un 400m en 400 pages.
Succès de la rentrée littéraire 2021 aux éditions de L’Iconoclaste, Ne t’arrête pas de courirde Mathieu Palain me faisait de l’œil depuis sa parution. Récompensé par les prix Interallié, Amila/Meckert et Sport Scriptum, ce livre est le second du journaliste.
Le premier échange se fait par le biais d’une lettre manuscrite. Mathieu Palain écrit à Toumany Coulibaly, ancien athlète de haut niveau incarcéré à la prison de Fresnes, lui exposant son souhaite de venir le rencontrer au parloir. Le journaliste ne lui en explique pas la motivation mais Toumany accepte, curieux. Les deux hommes démarrent une relation amicale, presque fraternelle, liée par une enfance commune en banlieue parisienne…
Au fil des mois et des échanges avec le sportif, Mathieu Palain s’interroge : que cherche-t-il de ces moments passés à Fresnes ? Pourquoi, depuis toujours, semble-t-il attiré par le milieu carcéral ? Surtout, une fois le jeune homme libéré, que restera-t-il de ces entretiens ?
« Quatre mille cinq cents détenus pour deux mille huit cents places. Enfermement vingt-deux heures sur vingt-quatre, palpation à la descente en promenade, circulation dans le silence et impossibilité de sortir de ses neuf mètres carrés, même pour aller se faire couper les cheveux dans la cellule d’à côté. Fleury, ce n’est pas de la blague, vous êtes réellement enfermé. »
Sur plus de 400 pages, Mathieu Palain dresse une enquête captivante sur le portrait atypique de ce champion. Coureur de 400m la journée, braqueur de pharmacies la nuit, Toumany Coulibaly enchaîne les courses comme il multiplie les mauvais coups. Interrogeant le garçon sur son enfance, l’écrivain cherche à trouver la faille dans ces années au côté de ses 17 frères et sœurs. Pourquoi, après chaque victoire, après chaque trophée gagné, Toumany Coulibaly ne peut s’empêcher de voler ?
D’un ton aéré et d’une plume fluide, l’auteur livre un texte prenant, aux allures de polar. Dès le début, une affection s’installe pour le prisonnier, un attachement inexpliqué qui nous incite à poursuivre la lecture. Comme Mathieu Palain avant nous, l’espoir de voir Toumany Coulibaly s’en sortir ne nous quitte pas.
Et derrière l’histoire de l’interviewé, celle de l’enquêteur transparaît. Mathieu Palain se confie, et trouve les réponses à ses questions. L’analyse est pertinente et offre une double lecture au récit.
Porté par deux héros attachants, j’ai dévoré Ne t’arrête pas de courir comme on engloutit une bonne série Netflix. Je le recommande à tous les sportifs et les non-sportifs qui aiment lire.
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