Maquillée : Essai sur le monde et ses fards, Daphné B. : Mon avis
Quatrième de couverture :
Maquillée est le fruit étonnant d’un nombre incalculable d’heures perdues, passées à enchaîner les tutoriels maquillage sur YouTube, ou encore à naviguer sur le site web de Sephora. Dans le sillage d’œuvres magistrales comme Bleuets de Maggie Nelson, cet essai poétique tire profit d’une obsession personnelle, le maquillage, pour développer une réflexion singulière sur notre époque. Se situant au carrefour des discours sur le genre, l’identité, le capitalisme et la culture pop, le maquillage est un objet d’étude riche et complexe, plus que jamais pertinent. S’il est habituellement dédaigné des sphères intellectuelles, Daphné B. nous prouve hors de tout doute qu’il mérite notre attention. Dans un monde oculaire troué de selfies et bouleversé par une économie de l’influence, la poète québécoise propose une réflexion nuancée, féministe et personnelle sur l’univers de la beauté. Objet littéraire hybride, à cheval entre le récit de soi, le poème et l’essai, Maquillée est une méditation lyrique sur un secteur économique en pleine croissance.
Atypique et sans fard.
Offert par ma copine bookstagrameuse Lolita lors d’un swap* littéraire, Maquillée de Daphné B. m’avait fait frétiller l’œil plus d’une fois depuis sa publication (éd. Grasset, 2021)… Aussitôt reçu, aussitôt lu !
« Essai sur le monde et ses fards« , sous-titre l’ouvrage. Et la quatrième de couverture, de préciser : « Ceci n’est pas un livre sur le maquillage. » L’écrivaine dévoile en effet un document de plus de deux cents pages sur le monde du maquillage, celui de l’influence cosmétique et du consumérisme. A mi-chemin entre l’essai et le récit personnel, Maquillée est une réflexion moderne sur notre société. Poète et traductrice québecoise, Daphné B. s’emploie cette fois-ci à un nouvel exercice.
« En ne voyant qu’une manifestation de notre décadence dans la culture de la beauté, dans ce qui a trait à l’ornementation des corps, on enferme le maquillage dans une vision sexiste qui associe les ravages du capitalisme à la femme, et plus particulièrement aux soins du corps. »
Jeune trentenaire à l’ère des réseaux sociaux et autres plateformes en ligne, l’autrice avoue ses nombreuses faiblesses face aux produits marketings lancés par des créateurs de contenu. Pourquoi sommes-nous si influençables ? Quel pouvoir croit on obtenir en se procurant ces rouges à lèvres, fonds de teint ou mascaras ? Qu’est-ce que cela dit de nous ? Daphné B. partage sa propre expérience de consommatrice pour tenter de trouver des réponses à ces questions.
Non sans rappeler l’excellent Sur la bouche de Rebecca Benhamou (éd. Premier Parallèle, 2021) qui revenait sur l’histoire du rouge à lèvres, des suffragettes à aujourd’hui, j’ai trouvé ce texte plus intemporel et moins pertinent. Daphné B. y évoque par exemple les affaires de Kylie Jenner et le milliardaire Elon Musk. J’y suis peu sensible…
D’un ton éminemment féministe et d’une écriture sans filtre – ou plutôt devrais-je dire sans fard – l’écrivaine déploie un livre intéressant dans son ensemble. A découvrir en complément d’autres ouvrages (comme celui cité précédemment) pour comprendre le poids des cosmétiques au XXIe siècle ou encore l’importance accordée à la beauté.
En conclusion, intéressant, pas indispensable.
*le terme swap vient du verbe anglais to swap : échanger
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Et vous, lisez-vous des essais féministes ?
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