Ma reine, Jean-Baptiste Andrea : Mon avis
Quatrième de couverture :
Vallée de l’Asse. Provence. Été 1965. Il vit dans une station-service avec ses vieux parents. Les voitures qui passent sont rares. Shell ne va plus à l’école. Il est différent. Un jour, il décide de partir. Pour aller à la guerre et prouver qu’il est un homme. Mais sur le plateau qui surplombe la vallée, nulle guerre ne sévit. Seuls se déploient le silence et les odeurs du maquis. Et une fille, comme un souffle, qui apparaît devant lui. Avec elle, tout s’invente et l’impossible devient vrai. Il lui obéit comme on se jette du haut d’une falaise. Par amour. Par jeu. Et désir d’absolu. Ma reine est une ode à la liberté, à l’imaginaire, à la différence. Jean-Baptiste Andrea y campe des personnages cabossés, ou plutôt des êtres en parfaite harmonie avec un monde où les valeurs sont inversées, et signe un conte initiatique tendre et fulgurant.
Double rancœur.
Animée par l’euphorie générale autour de Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andréa à la rentrée de septembre, je me procurais Ma reine avant même d’entamer le futur prix Goncourt*. Après un avis mitigé sur ce dernier, j’avais espoir de donner une seconde chance à l’auteur en vogue de cet automne 2023. Premier roman de Jean-Baptiste Andréa, Ma reine a été couronné du Prix Femina des lycéens en 2017.
Shell ne pense qu’à une chose : partir faire la guerre. Les mots de ses parents ont tout enclenché. Lorsqu’il apprend qu’il sera bientôt confié à sa grande-sœur, le jeune garçon fugue. Il fuit son quotidien, pour se battre comme les hommes. Shell quitte la station-service familiale pour les petits chemins de la vallée de l’Asse. Sur sa route, il croise Viviane, sûre d’elle et dominatrice…
« On a fait un jeu, c’est elle qui a eu l’idée, il fallait trouver la coccinelle avec le plus de points. Au début, j’ai eu du mal, je trouvais beaucoup de points mais il n’y avait pas de coccinelle autour, et Viviane m’a appris comment chercher : d’abord la coccinelle, bien rouge et bien brillante, et seulement après les points. »
Jeune narrateur-héros, depuis toujours Shell est un enfant différent. Dans la cour de la station-service, il aide à faire les pleins d’essence depuis que le système scolaire l’a rejeté. Jean-Baptiste Andréa décrit un personnage doux, rêveur et attachant. A l’inverse, sous les traits de Viviane, il déploie une héroïne au fort caractère, manipulatrice et un poil détestable.
D’abord touchée par la sensibilité de Shell, le texte m’a emportée sur le premier tiers de l’histoire. Les chapitres sont courts et l’auteur va droit au but. J’étais curieuse de découvrir la suite des aventures de ce duo atypique. Finalement, la voie empruntée par l’écrivain, moins ancrée dans le réel, ne m’a pas convaincue. Proche du conte, le récit poétique tutoie l’imaginaire, laissant le lecteur se forger son propre dénouement.
Malgré une écriture maîtrisée, Ma reine est une nouvelle déception. L’univers de Jean-Baptiste Andréa ne correspond pas je crois à mes attentes de lectrice. Je salue d’avance celui ou celle qui réussira à me convaincre de lire un autre titre de l’auteur en commentaire !
*Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andréa a remporté le prix Goncourt en novembre dernier. Je vous en parlais par ici.
_______________
Avez-vous déjà lu cet auteur ?
_______________