L’Odyssée de Sven, Nathaniel Ian Miller : Mon avis
Quatrième de couverture :
Lassé de sa vie à Stockholm et d’un travail qui lui broie l’âme, le jeune Sven décide d’assouvir ses envies d’exploration polaire et de rejoindre le Spitzberg. Là-bas, la nuit arctique règne en maîtresse, on doit résister aux assauts des éléments comme un coquillage qui s’agrippe à son rocher, on peut assister à la splendeur d’une aurore boréale et être dévoré par un ours blanc dans la minute qui suit. En route, il rencontrera de nombreux compagnons comme un géologue excentrique, un trappeur finlandais socialiste ou un chien plus utile qu’il n’en a l’air. Il assistera à la naissance d’un iceberg, aux jeux des renards polaires, et apprendra l’art de la chasse. Seul, il ira au bout de lui-même pour mieux retrouver le reste du monde. En imaginant la vie d’un ermite du début du XXe siècle, Nathaniel Ian Miller nous livre un roman d’une bouleversante humanité, véritable ode à la nature, aux familles qu’on quitte, à celles qu’on se crée et à celles qui nous retrouvent, même au cœur de l’inhabitable.
Départ pour le grand froid.
Prenant mon rôle de conseillère à cœur, le message d’une abonnée me déboussola un instant : « j’aime les romans où l’on s’attache aux personnages« . Trouvant l’indication trop imprécise et générale, le roman de Nathaniel Ian Miller me vint soudain comme une évidence ! L’Odyssée de Svenque j’étais justement en train de terminer, correspondait exactement à cette description. Je redoutais le moment où j’allais refermer le livre, et me séparer de son héros si attachant…
Très jeune, Sven trouve dans ses lectures des envies de voyage et de liberté. En 1916, loin des contraintes familiales, il quitte sa Suède natale pour rejoindre la Norvège et travailler à la mine. Mais rapidement, un accident le pousse à repenser à ses rêves d’indépendance et l’amène à rejoindre le Spitzberg. Afin de pouvoir vivre en autarcie sur cette île, Sven doit apprendre à chasser. Après un premier séjour dans un camp de trappeurs, le jeune homme part en expédition, accompagné de son précepteur.
Si Sven a toujours cherché la solitude en partant dans l’Arctique, les différentes étapes de son parcours l’ont conduit à de longues et belles amitiés. Dans sa cabane, le temps d’un séjour en Norvège ou grâce à la correspondance qu’il entretient avec sa sœur, Sven n’est jamais seul. Craignant le regard des autres depuis que son visage a été défiguré par la chute d’un puits, l’homme finit par accepter la présence de quelques fidèles sur son territoire.
« J’ai passé la majeure partie de ma vie au Spitzberg, un archipel situé au nord de la Norvège, dont les confins septentrionaux ne sont qu’à une poignée de degrés du Pôle invisible. Aujourd’hui le lieu est appelé le Svalbard par les hommes politiques, les généraux et les cartographes. Ou n’est rien appelé du tout, si ce n’est par quelques rares et précieuses personnes. Car l’ère des explorations est terminée depuis longtemps, et si le Spitzberg a encore sa place dans l’imagination populaire, il n’y est plus qu’un écho lointain, un mot dont on se souvient à peine. »
En 2012, lors d’un voyage dans le Svalbard (un archipel norvégien), Nathaniel Ian Miller découvre la cabane de Sven. Nous ne savons presque rien de cet ermite, né en 1884, mais l’Américain décide d’en faire un roman. Dès le départ, cette frontière entre la réalité et la fiction me passionne. Depuis toujours, j’aime les récits de vie, et je devine dans ce héros une sensibilité particulière.
Véritable traversée du grand froid, l’auteur décrit l’apprentissage du narrateur dans sa vie en autonomie. Les épreuves, – l’incendie de sa maison en bois à deux reprises – la cohabitation avec les phoques ou les renards, la relation fusionnelle avec son chien Eberhard ou encore l’arrivée surprise de sa nièce au cœur des montagnes, nous plongent dans un vrai roman d’aventure.
Traduit brillamment par Mona de Pracontal, le texte est fluide et entraînant. Loin des ouvrages nature writing emplis de descriptions, le livre est rythmé par les rencontres de Sven et son carnet de bord. L’écrivain en fait un être affectueux et touchant, épris de littérature et curieux.
Un premier roman lumineux et captivant, coup de cœur de cette rentrée littéraire !
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Ce roman vous tente ?
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