Liv Maria – Julia Kerninon
Quatrième de couverture :
Son nom est Liv Maria Christensen. Enfant solitaire née sur une île bretonne, entre une mère tenancière de café et un père marin norvégien. Envoyée subitement à Berlin à l’âge de 17 ans, elle tombe amoureuse de son professeur d’anglais. Le temps d’un été, elle apprend tout. Le plaisir des corps, l’intensité des échanges. Mais, à peine sortie de l’adolescence, elle a déjà perdu tous ses repères. Ses parents décèdent dans un accident, la voilà orpheline. Et le professeur d’été n’était peut-être qu’un mirage. Alors, Liv Maria s’invente pendant des années une existence libre en Amérique latine. Puis, par la grâce d’un nouvel amour, elle s’ancre dans une histoire de famille paisible, en Irlande. Deux fils viennent au monde. Mais Liv Maria reste une femme insaisissable, même pour ses proches. Comment se tenir là, dans cette vie, avec le souvenir de toutes celles d’avant ?
Julia Kerninon brosse le portrait éblouissant d’une femme marquée à vif par un secret inavouable. Et explore avec une grande justesse les détours de l’intime, les jeux de l’apparence et de la vérité.
« L’odeur du cou de son père, de ses mains, une odeur de sable mouillé et de sciure, d’épices, très intime. Les vêtements de son père. Ses chaussures. […] Sa moustache. Ses yeux bleu porcelaine, son accent norvégien. Il ressemblait un peu à Flaubert, mais en beaucoup plus beau, trouvait Liv Maria. Elle le lui avait dit un jour, exactement avec ces mots-là qui étaient les bons, et son père avait secoué la tête, désolé. Tu ne peux pas dire une chose comme ça, Liv Maria. C’est tout de même Gustave Flaubert. »
Mon avis :
Placardé dès la rentrée littéraire sur les affiches du métro, Liv Maria de Julia Kerninon m’a fait de l’œil pendant des semaines. J’ai fini par le mettre sur ma liste au père Noël, et une bonne fée nommée Adélaïde me l’a envoyé. Je pressentais sûrement le coup au cœur qu’il allait me provoquer… Liv Maria est le cinquième roman de Julia Kerninon.
Liv Maria a 17 ans lorsqu’elle est envoyée – de force – comme fille au pair à Berlin. Très vite, elle tombe amoureuse de son professeur d’anglais sur place et vit sa première expérience. Après trois mois de passion, Fergus doit rentrer chez lui, en Irlande, où l’attendent femme et enfants. Sur sa demande, Liv Maria lui envoie des lettres enflammées, qui ne trouveront jamais réponse…
Julia Kerninon a ce petit truc en plus, que j’aime tant chez les grands écrivains : écrire de jolies choses avec des mots simples et donner envie à son lecteur de tout annoter. Sans prétention, elle nous embarque grâce à sa poésie et son art de manier les mots comme il faut.
Alors, évidemment, il y a Liv Maria. Cette héroïne libre, à qui l’on s’attache sans retenue. Julia Kerninon dresse le portrait d’une jeune femme silencieuse, amoureuse des livres, du voyage, et d’un homme, Fergus. Cette rencontre, qu’elle fera à l’aube de l’âge adulte, viendra se marquer en elle à jamais. Cet été berlinois la poursuivra en pensées pour le restant de ses jours. Liv Maria n’en sait rien au moment où elle tient Fergus dans ses bras. C’est le destin ou le hasard de la vie qui décidera pour elle.
A la plume délicate de l’auteure, s’ajoutent donc les aventures de ce personnage incroyable. L’Amérique latine, la Norvège, les chevaux, puis sa vie de mère et de gérante d’une librairie irlandaise. Liv Maria aura plusieurs vies, fera mille rencontres, vivra plusieurs destins. Mais quand le secret devient trop oppressant, et la vérité impossible à révéler, comment peut-on continuer à vivre libre ?
Le roman de Julia Kerninon m’a rappelé mon coup de foudre pour Miss Islande en 2019. Par la liberté de sa protagoniste, par son ode à la littérature et par ses paysages magnifiques. Liv Maria est mon premier coup de cœur de l’année. Je l’ai dévoré en quelques heures et j’ai regretté qu’il ne fasse pas deux cents pages de plus. Incroyablement romanesque et enivrant. A lire pour vous évader en ces temps de confinement.