Lettre d’une inconnue – Stefan Zweig
Quatrième de couverture :
Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l’ombre, n’attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d’un enfant, symbole de cet amour que le temps n’a su effacer ni entamer. L’être aimé objet d’une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d’une femme qui se meurt doucement, sans s’apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu’elle admire plus que tout. La voix d’une femme qui s’est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l’a reconnue.
Avec Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l’analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d’une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue.
« Mon enfant est mort hier – trois jours et trois nuits, j’ai lutté avec la mort pour sauver cette petite et tendre existence ; pendant quarante heures je suis restée assise à son chevet, tandis que la grippe secouait son pauvre corps brûlant de fièvre. J’ai rafraîchi son front en feu ; j’ai tenu nuit et jour ses petites mains fébriles. Le troisième soir, j’étais à bout de forces. Mes yeux n’en pouvaient plus ; ils se fermaient d’eux-mêmes à mon insu. C’est ainsi que je suis restée trois ou quatre heures endormie sur ma pauvre chaise, et pendant ce temps, la mort a pris mon enfant. »
Mon avis :
De Stefan Zweig, je n’avais lu que Le joueur d’échecs et j’en garde un souvenir mitigé. Cette déception ne m’avait pas incitée à le découvrir davantage, jusqu’à ce qu’une amie nous parle de Lettre d’une inconnue lors d’un club de lecture sur les romans épistolaires. Il y a quelques semaines, à l’occasion de la Saint-Valentin et effectuant une commande de livres autour de l’amour, je me suis souvenue de ce titre et des mots de mon amie.
C’est à la mort de son fils et à l’aube de la sienne, qu’une jeune femme prend la plume pour écrire à celui qu’elle a tant aimé et lui livrer sa vérité. L’homme – un auteur viennois – séducteur, véritable Don Juan, n’a jamais eu connaissance de cette passion. Il découvre par cette lettre l’histoire de cette inconnue et apprend qu’elle a eu un enfant de lui. Sa mémoire va-t-elle se raviver à la lecture de ces mots ?
Dans cette courte nouvelle d’une cinquantaine de pages, l’auteur Autrichien dépeint l’amour passionnel, platonique, et inconditionnel. Lorsque la jeune adolescente de treize ans croise le regard de cet écrivain dans sa cage d’escalier, un coup de foudre la traverse, plus rien ne sera alors comme avant. Elle tombe amoureuse sur ces quelques secondes de vie. Sans jamais oser clamer son amour, l’inconnue observe de loin l’homme qu’elle admire. Quelques années plus tard, le destin les réunit le temps d’une nuit.
Cette lettre est un cri. Un cri de rage, un cri de colère, un cri de détresse, un cri d’amour. C’est l’aveu qui libère avant le grand départ. La tristesse est si grande qu’elle vaut bien cet abandon. La jeune femme avoue tout, sans blâmer, sans juger, sans culpabiliser non plus.
Le livre de Stefan Zweig bouleverse dès les premières lignes (reportées ci-dessus). A la fois court et intense, Lettre d’une inconnue se lit d’un jet, emporté par la puissance des mots et la force des sentiments de la protagoniste. L’auteur détaille avec précision cette folle adoration, ces gestes irrationnels. Brillamment, il décrit aussi l’abnégation, quand l’autre ne nous considère pas. Le don est total, quel qu’en soit le prix. J’ai aimé la profondeur du texte de Stefan Zweig, grâce également au travail de traduction effectuée par Alzir Hella. Un roman qui interpelle et marque définitivement.