Les volontés – Cécile Guidot
Quatrième de couverture :
Claire a la trentaine, roule à moto, porte des tatouages, vit seule. Rien ne la destinait à travailler dans un office notarial, dans cet univers feutré, avec ses codes, ses affinités, ses rivalités particulières. C’est une notaire douée mais iconoclaste : sauvage, rebelle, idéaliste. Elle dénoue des affaires complexes : un neveu qui doit gérer la succession de son oncle et de sa tante et s’occuper de leurs enfants, le double divorce d’un homme bigame, une artiste qui veut déshériter son fils, une femme qui révèle au cours d’une donation l’inceste qu’elle a subi dans son enfance, un homme handicapé oublié dans une maison spécialisée, dont Claire recherche la famille.
Après la révélation Les Actes, Cécile Guidot nous offre une nouvelle plongée dans le cœur battant d’un office notarial avec en toile de fond la réforme Macron qui a révolutionné le notariat. Les masques tombent et montrent que les actes sont souvent éloignés des volontés.
« Les questions avaient tourné tout le week-end dans son cerveau mangé par l’incertitude. Elle attendait comme la condamnée à l’échafaud. Elle imaginait la terreur des condamnées à mort, dans la nuit infernale de l’attente, dans le silence des murs qui les enfermaient, seulement déchiré par des cris humains qui ressemblaient à des cris d’animaux. Elle pensait aux années de guerre où la justice était renversée, où l’on était exécuté, sans procès, pendu, fusillé contre un mur pour des causes justes qui étaient devenues des crimes. Encore aujourd’hui dans des pays sans autre droit ni loi que la volonté de l’adversaire. »
Mon avis :
Lorsque, en octobre dernier, je vous parlais du premier roman de Cécile Guidot (Les actes, 2019, éd. JC Lattès), je ne vous cachais pas mon envie de voir publier une adaptation télévisée et une suite des aventures de ce cabinet notarial. Même s’il faudra encore attendre pour la série, le deuxième tome vient de paraître et je suis ravie d’avoir pu le découvrir. Les volontés réunit tous les protagonistes du premier volet, mais les deux peuvent se lire indépendamment.
Au-delà des conventions, Claire poursuit son bonhomme de chemin dans l’office notarial parisien pour lequel elle travaille depuis trois mois. Souvent jugée pour son look, cette jeune notaire tatouée et à la parole libérée, traite ses dossiers avec rigueur et passion. La frontière entre vie privée et vie professionnelle est parfois mince dans ce milieu. Et la pression est plus que présente en cette année 2014, où la réforme Macron vient bouleverser le métier.
A l’instar de son précédent ouvrage, Cécile Guidot déploie un roman chorale qui se laisse dévorer en quelques bouchées, malgré un texte concis et imposant. Rue de la paix se joue une lutte acharnée entre ces notaires, assistants et secrétaires. Si des familles se déchirent suite à un héritage, il en est souvent de même entre les professionnels. L’auteure nous passionne grâce aux différents cas de clients exposés dans son récit, mais elle s’immisce aussi dans la vie privée des collègues de l’office, à l’image de Dix pour cent ou Ally McBeal. Du croustillant et du palpitant, mais aussi de l’émotion avec des sujets plus graves.
Homosexualité, tromperie, sexe, secrets de famille, deuil et succession. Ces thèmes sont abordés et parfois disséqués avec précision. La fiction menée par Cécile Guidot nous ramène à la réalité, à ces problèmes d’argent et d’héritage dont nous serons tous confrontés un jour.
La littérature tient aussi une place à part dans ce livre. Le personnage de Claire écrit, et lit énormément. On devine derrière ces mots les traits de Cécile Guidot elle-même, notaire et maintenant écrivaine.
La patience va être de mise d’ici la sortie du troisième et dernier tome de cette saga. Je n’ai qu’un regret pour Les volontés, les 400 pages m’ont paru bien trop courtes, l’histoire aurait mérité le double. La richesse des détails et la palette des personnages nous font parfois perdre le fil du récit. Mais le plaisir de lecture n’y a pas été entaché. Je trouve d’ailleurs que c’est un roman parfait à lire en été ! Lirez-vous Les volontés ?