Les petits de Décembre, Kaouther Adimi : Mon avis
Quatrième de couverture :
C’est un terrain vague, au milieu d’un lotissement de maisons pour l’essentiel réservées à des militaires. Au fil des ans, les enfants du quartier en ont fait leur fief. Ils y jouent au football, la tête pleine de leurs rêves de gloire.
Nous sommes en 2016, à Dely Brahim, une petite commune de l’ouest d’Alger, dans la cité dite du 11-Décembre. La vie est harmonieuse, malgré les jours de pluie qui transforment le terrain en surface boueuse, à peine praticable. Mais tout se dérègle quand deux généraux débarquent un matin, plans de construction à la main. Ils veulent venir s’installer là, dans de belles villas déjà dessinées. La parcelle leur appartient. C’est du moins ce que disent des papiers » officiels « .
Avec l’innocence de leurs convictions et la certitude de leurs droits, les enfants s’en prennent directement aux deux généraux, qu’ils molestent. Bientôt, une résistance s’organise, menée par Inès, Jamyl et Mahdi.
Au contraire des parents, craintifs et résignés, cette jeunesse s’insurge et refuse de plier. La tension monte, et la machine du régime se grippe.
Lutte et résistance.
Découverte avec la lecture de son roman Nos richesses, prix Renaudot des Lycéens 2017, Kaouther Adimi est une écrivaine algérienne. Les petits de décembre, publié aux éditions du Seuil en 2019 est son quatrième opus.
Inès, Jamyl et Mahdi se croisent tous les jours sur le terrain vague du quartier. A Dely Brahim, au cœur de la cité du 11 Décembre, ce carré de pelouse est le seul antidote à l’ennui. Les enfants y jouent au football, oubliant un temps les difficultés familiales.
Quand, en février 2016, deux généraux débarquent dans la boue du stade, plan de construction à la main, les adolescents se figent. Les hommes de guerre disent avoir acheté légalement la parcelle pour y faire bâtir deux énormes villas. Face à la peur de voir disparaître leur terrain de foot, une bagarre éclate. Inès, Jamyl et Mahdi sont prêts à tout pour sauver leur territoire…
« Pour se donner une contenance, Saïd alluma une cigarette. Au fond, sans vouloir l’admettre, il était légèrement effrayé. Les adultes, ça, il savait gérer. Même ses plus farouches ennemis ne lui faisaient pas peur. Et puis, il avait des dossiers sur tout le monde, il était toujours prêt à discuter, faire du chantage, rappeler les services rendus. Mais des enfants ? Qu’est-ce qu’on leur dit ? comment on les fait déguerpir ? »
Comment fait-on pour lutter et résister face à des enfants en guerre ? Comment mener le combat sans arme ? Face à ces jeunes du quartier plantant leurs tentes pour empêcher les travaux de démarrer, les deux généraux sont déstabilisés. Dans ce pays qui a connu tant de conflits, Kaouther Adimi raconte un autre genre de bataille. Une lutte des classes, entre enfants de militaires et grands chefs à la retraite.
Dans un texte de moins de deux cents pages, l’écrivaine condense la dualité des opposants, intense et engagée. Les trois héros sont déterminés, solidaires et pugnaces. Nous suivons trois caractères au passé fragile, attachants, que l’on espère bientôt vainqueurs. A travers le récit des différents protagonistes, l’autrice revient aussi sur une partie de l’Histoire de l’Algérie.
Les petits de Décembre est un très bel hommage à la jeunesse et à leurs illusions. Un roman à la fois dur, drôle et terriblement réaliste.
A lire aussi : paru en 2017, j’ai découvert Nos richesses au format poche en 2022 et ce fut un coup de cœur. Je vous en parlais par ici.
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Avez-vous déjà lu cette écrivaine ?
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