Les magnolias, Florent Oiseau : Mon avis
Quatrième de couverture :
– Caramel
– Pompon
– Cachou…
Il y a des gens, dans la vie, dont l’unique préoccupation semble d’imaginer des noms de poneys. Alain est de ceux-là. Sa carrière d’acteur au point mort – depuis qu’il en a joué un, dans un polar de l’été, sur TF1 –, le quarantenaire disperse ses jours. Chez Rosie en matinée – voluptés de camionnette – et le dimanche aux Magnolias – où sa grand-mère s’éteint doucement. On partage une part de quatre-quarts, sans oublier les canards, et puis mamie chuchote : « J’aimerais que tu m’aides à mourir. » Autant dire à vivre… La seconde d’après, elle a déjà oublié. Pas Alain. Tant pis pour les poneys : il vient de trouver là, peut-être, un rôle à sa portée…
Mon avis :
Lauréat du prix Saint-Maur en poche avec son premier roman Je vais m’y mettre (élu aussi « livre le plus drôle de l’année), Florent Oiseau publie cette année son troisième ouvrage, Les magnolias, aux éditions Allary.
Alors qu’Alain attend le rôle de sa vie au cinéma – son agent Rico semble avoir des difficultés à lui dégoter un tournage après son unique et bref passage dans une série de TF1, dans laquelle il jouait un cadavre – il passe la plupart de son temps aux Magnolias, où réside sa grand-mère, sénile. Dans un moment de lucidité, celle-ci lui demande de l’aider à mourir… Alain va-t-il feindre de n’avoir rien entendu, ou chercher à réaliser la requête de son aïeule ?
Que feriez-vous si votre grand-parent vous demandez de l’euthanasier ? La sénilité justifie-t-elle de prendre ce type de demande à la légère ? Peut-on encore être pris au sérieux par ses proches lorsqu’on vieillit et qu’on perd la mémoire comme la grand-mère d’Alain ? « J’aimerais que tu m’aides à mourir. » Cette phrase, lancée à demi-mots dans la salle commune de la maison de retraite, vient chambouler Alain, et enclenche en lui une quête de la vérité.
« Plus tard, il m’a semblé essentiel d’établir une liste de noms de poneys que j’imaginais le plus fréquemment donnés. J’ai pris le calepin qui ne me quittait jamais et je me suis lancé dans un recensement que je n’avais pas la prétention de vouloir exhaustif. Je ne savais pas bien expliquer la raison profonde de cette démarche, mais j’y voyais quelque chose relevant de l’essentiel. »
Derrière des airs légers et un humour mordant, Florent Oiseau développe un récit plein de tendresse et d’humanité. On sourit d’abord, à la description de ce personnage atypique, et de celle de son ami Rico. Tantôt farfelus, tantôt immatures, tristes, ou sympathiques, l’auteur use d’une plume sincère pour nous livrer des protagonistes vrais et attachants.
Par son côté malicieux et satirique, ce texte m’a rappelé l’excellent roman de Thomas Gunzig, Feel Good. J’y ai retrouvé une fraicheur dans l’écriture, et une surprenante profondeur. Loin des clichés, Florent Oiseau étonne avec ce livre drôle et déroutant. J’ai beaucoup ri à le lecture des Magnolias, et j’ai hâte maintenant de découvrir les autres titres du jeune écrivain.
A lire sans plus attendre !
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