Les heures silencieuses – Gaëlle Josse
Quatrième de couverture :
Lorsqu’elle se marie, Magdalena Van Bereyen est obligée de renoncer à ses rêves d’aventure sur les bateaux de son père, car là n’est pas la place d’une femme. Encore moins au XVIIe siècle, en Hollande. Dans son journal intime, elle confie alors, au fil de ses souvenirs et des tumultes de sa vie d’épouse, les secrets de son âme. Ce premier roman de Gaëlle Josse, inspiré d’un tableau de l’âge d’or flamand, est le portrait intemporel, empreint de mélancolie et de poésie, de la condition des femmes.
« Je m’appelle Magdalena Van Beyeren. C’est moi, de dos, sur le tableau. Je suis l’épouse de Pieter Van Beyeren, l’administrateur de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales à Delft, et la fille de Cornelis Van Leeuwenbroek. Pieter tient sa charge de mon père. J’ai choisi d’être peinte, ici, dans notre chambre où entre la lumière du matin. Nous avançons vers l’hiver. Les eaux de l’Oude Delft sont bleues de gel et les tilleuls, qui projettent au printemps leur ombre tachetée sur le sol, ne sont aujourd’hui que bois sombre, et nu. »
Mon avis :
Découverte avec les lectures d’Une femme en contre-jour et Une longue impatience l’an dernier, je poursuis mon initiation à Gaëlle Josse en remontant à la source et en lisant son premier roman, Les heures silencieuses.
Delft, Pays-Bas, 1667. Magdalena Van Beyeren entame l’écriture d’un journal intime, dans lequel elle se confie sur sa vie d’épouse, de mère et de fille de négoce. Peu à peu, les mots se libèrent, laissant place aux aveux les plus intimes. Derrière sa carapace de femme discrète, musicienne et aimante, se cachent certains péchés et désirs ardents…
Inspirée du tableau Intérieur avec femme à l’épinetted’Emmanuel De Witte (1617 – 1692), Gaëlle Josse a imaginé la vie de cette figurine peinte de dos, marque de fabrique de l’artiste hollandais. Dans un court récit de près de quatre-vingt dix pages, l’écrivaine déploie les confidences personnelles de cette femme attachante, dont les mœurs et valeurs familiales constituent le point central de son existence. Si l’on devine une Magdalena avide de liberté, de voyage et de rencontres, la jeune Hollandaise a su taire ses envies pour le bonheur de son mari, de ses enfants et bien avant cela, pour la fierté du père.
Avec justesse et perfection, l’auteure livre un hommage aux femmes de l’époque, en retranscrivant l’histoire commune de l’une d’entre elles. Sa plume soutenue et le langage convenu, dissemblables à ses autres ouvrages, collent ici parfaitement au milieu décrit. Les mots de l’héroïne nous transportent au XVIIe siècle, au plus près des marins et commerçants dont elle évoque le sort.
Gaëlle Josse signe avec Les heures silencieuses un roman bref mais détaillé sur l’espace restreint laissé aux femmes. Elle dresse le portrait d’une protagoniste intelligente, passionnée, qu’on aimerait rencontrer. Son texte m’a véritablement emportée en 1667 sur le sol hollandais, au sein du foyer de Magdalena. Un livre réussi et parfait pour apprivoiser le verbe et le style de l’écrivaine.