Les falaises – Virginie DeChamplain
Quatrième de couverture :
V. vient d’apprendre que l’on a retrouvé le corps sans vie de sa mère dans le ressac des vagues d’une plage non loin de la maison familiale. Elle quitte brusquement Montréal, direction la Gaspésie, terre natale, où elle retrouve sa sœur et sa tante, les « survivantes » de sa mère, cette femme fragile, instable, sauvage, qui a laissé une marque indélébile sur ses filles. En faisant le tri dans les affaires de la défunte, V. découvre de vieux cahiers contenant les journaux manuscrits de sa grand-mère qu’elle commence à lire puis bientôt à dévorer. Elle remonte le cours des femmes-fleuve de sa lignée.
Les Falaises fait le récit d’un voyage intérieur, historique et féminin, qui de la Gaspésie à l’Islande réunit ces femmes d’aventures et de grand air.
« JE PENSE QUE JE SUIS BRISEE. J’ai l’automne à l’envers. En dedans au lieu d’en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique. C’est octobre. Ma mère est morte et j’ai pas encore pleuré. »
Mon avis :
C’est sur l’initiative de ma copine bookstagrameuse Clarine que le choix de cette lecture s’est fait. Nous avions envie de partager un moment commun autour d’un livre. Le premier roman de Virginie DeChamplain, Les falaises, a été l’heureux élu, influencé par le mouvement #varionsleseditions lancé sur Instagram.
La mère de V. vient d’être retrouvée morte dans le fleuve Saint-Laurent, probablement suite à un geste suicidaire. La jeune femme rejoint sa sœur et sa grande tante dans la maison familiale, en Gaspésie. Le tri des affaires maternelles débouche rapidement sur une introspection de la vie des femmes de sa famille après la découverte de carnets intimes appartenant à sa grand-mère.
Entre poésie et phrasé québécois, Les falaises est un bijou littéraire, à la plume incisive et percutante. Dès le début de son récit, Virginie DeChamplain nous embarque dans sa langue. Elle joue avec les mots, supprime tout superflu, ne gardant que l’essentiel. Une économie du texte, qui apporte de la puissance et de la force à couper le souffle. La lecture se fait en apnée, tant les chapitres sont courts et violents.
Outre le décès d’une mère, brutal et inattendu, c’est aussi la folie, la fragilité psychologique et l’indépendance de ces femmes qui sont évoquées avec brio et délicatesse dans ce roman. L’auteure garde des non-dits, laissant le lecteur se faire sa propre interprétation. S’agit-il d’un suicide ? D’un accident ? Pourquoi V. semblait ne plus voir sa mère depuis des années ? Ces questions restent sans réponse, l’écrivaine nous emmène ailleurs, sur d’autres chemins, plus ingénus.
J’ai aimé ces mystères, ces secrets, la quête de liberté et de racine que V. s’impose dès la perte de sa mère. J’ai aimé la nature omniprésente, celle du Québec et de ses fleuves, puis les falaises et les grands espaces d’Islande, qui apportent sérénité et paix chez V. Je me suis pris une claque en pleine figure et un coup au cœur à la lecture de ce livre. L’écriture de Virginie DeChamplain m’a bouleversée. Un ovni sur la planète livresque, à découvrir de toute urgence.