Les écailles de l’amer Léthé, Eric Metzger : Mon avis
Quatrième de couverture :
Le héros de cette histoire est un solitaire. Qui fuit les prises de décision et les responsabilités. Aussi se trouve-t-il bien embarrassé de se voir confier la charge d’un poisson combattant. Baptisé Cookie dans un moment de panique, le poisson bouleverse les habitudes de cet homme. Dans une tentative désespérée pour créer un lien avec cet animal qui tourne en rond dans son aquarium carré, il commence à lui lire un poème de Baudelaire. Soudain, le poisson se fige, attentif. Une série de tests s’ensuit. Cookie n’apprécie pas les guides de voyage, ni les modes d’emploi. Seule la littérature le captive. Suffira-t-elle à le sauver ?
Génialement génial !
« A force de vous voir, je vous ai reconnue. » Voilà comment a eu lieu ma rencontre avec Cookie, ou plutôt son créateur, Eric Meztger. Sous le chapiteau du salon de Limoges, le journaliste me dédicace Les écailles de l’amer Léthé, avec cette phrase, à la fois belle et drôle. Si le roman est aussi barré que son auteur, me dis-je, ça promet !
Il y a deux semaines, croulant sous les réceptions de la rentrée littéraire, je repensai au poisson rouge de la couverture. Je l’ignore encore à cet instant mais je m’apprête à lire l’un de mes plus beaux coups de cœur de l’année…
Qu’est-ce qui vous amène, un jour, à vous voir imposer l’adoption d’un petit combattant, dans une animalerie ? Destin ou hasard, le narrateur serait bien incapable d’expliquer l’arrivée de son nouveau compagnon, au milieu de son appartement. Et une fois le bocal installé et la cohabitation acceptée, comment interagir avec un poisson ?
« Curieusement, on évoque souvent le fruit du hasard, mais jamais l’arbre sur lequel il pousse. Des milliards de branches dispersées au-dessus de nous sans doute, avec pour immense tronc l’univers noir aux racines passionnées. Quoi qu’il en soit, ce fut grâce à l’un de ces fruits venus s’écraser près de moi que je rencontrai Cookie. »
Heureusement, la lecture sauve de tout, disait Daniel Pennac. Notre héros l’a bien compris ! Lisant un poème de Baudelaire, le jeune homme voit Cookie (ainsi s’appelle son nouvel ami) frétiller. Est-ce la voix de son maître qui l’émerveille, ou les mots du poète ? La lecture d’une notice de chauffe-eau et d’un guide touristique vient confirmer une sensibilité axée sur la littérature. Désormais, pour le protagoniste, seule importe l’interprétation des grandes œuvres littéraires à son colocataire…
Si la rencontre entre Cookie et son propriétaire prête à rire, l’émotion est aussi présente. Derrière les fous rires du début, se cache un texte profond, à la fois fin et intelligent. Eric Metzger dresse le portrait d’un personnage loufoque, moqué et en souffrance. Il signe un récit burlesque, à l’écriture maîtrisée. Dans son livre, l’auteur convie aussi pléiade d’écrivains, citant Flaubert, Camus, Balzac ou encore de Beauvoir.
Très vite conquise par l’originalité du scénario, je l’ai aussi été par son phrasé et sa tonalité. Outre l’envie de combler mes lacunes en littérature classique, Les écailles de l’amer Léthé, a remué nombre de sentiments en moi. J’ai aimé ce héros blessé, terriblement humain.
Un roman surprenant, farfelu, et finalement lumineux. Proche de verser une larme en le refermant, la promesse d’une suite sur la dernière page m’a fait retrouver le sourire.
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Ce roman vous tente ?
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