Les délices de Tokyo, Durian Sukegawa : Mon avis
Quatrième de couverture :
« Écouter la voix des haricots » : tel est le secret de Tokue, une vieille dame aux doigts mystérieusement déformés, pour réussir le an, la pâte de haricots rouges qui accompagne les dorayaki, des pâtisseries japonaises. Sentarô, qui a accepté d’embaucher Tokue dans son échoppe, voit sa clientèle doubler du jour au lendemain, conquise par ses talents de pâtissière. Mais la vieille dame cache un secret moins avouable et disparaît comme elle était apparue, laissant Sentarô interpréter à sa façon la leçon qu’elle lui a fait partager.
Magnifiquement adapté à l’écran par la cinéaste Naomi Kawase, primée à Cannes, le roman de Durian Sukegawa est une ode à la cuisine et à la vie. Poignant, poétique, sensuel : un régal.
Délicieux comme son titre.
Je vous confie souvent comment un livre est entré dans ma vie. C’est une question que je pose autour de moi, lorsqu’on me présente un ouvrage. J’aime connaître les raisons qui ont enclenché sa lecture. Parfois, la quête est longue, et le chemin plein d’espoir. D’autres fois, les signes sont là, omniprésents, telle une évidence. Pour Les délices de Tokyo, Anne-Sophie a poussé les portes du destin, par message un matin : « je suis chez Emmaüs, et j’ai trouvé le livre de Durian Sukegawa, je te l’apporte ce soir« … A sa recherche depuis des semaines en librairies, j’ai vu dans ce cadeau inattendu la certitude d’un moment de douceur.
Tokue est prête à tout pour travailler aux côtés de Sentarô et l’aider dans la confection des dorayaki. Accepter un salaire indécent et ne pas se montrer à la clientèle, mais fabriquer sans relâche la fameuse pâte de haricots rouges qui accompagne les pâtisseries japonaises. A 76 ans, quelles sont les motivations de cette vieille dame ? Que cachent ses doigts étrangement tordus ? Alors que le succès est de retour sur le stand de Sentarô, la présence de Tokue dérange. Son secret bientôt révélé, l’employée pourra-t-elle continuer à cuisiner ?
« Chez Doraharu, il n’y avait pas de jour de fermeture. Chaque jour, vers onze heures, le rideau de fer était levé. C’était généralement deux heures plus tôt que Sentarô enfilait son tablier. Il commençait les préparatifs à une heure très tardive. En principe, à ce rythme-là, il n’aurait pas pu s’en sortir tout seul. Mais chez Doraharu, on procédait d’une manière particulière. »
Si Tokue voit beaucoup d’intérêts à ce nouvel emploi, elle ne mesure pas la place qu’elle représente auprès de son collègue. Lorsque la cohabitation s’arrête, Sentarô réalise le poids de son absence. Sans qu’il se l’avoue, leur rencontre a amélioré son quotidien. Le jeune homme veut reprendre contact avec la vieille dame…
A l’image d’une bonne pâtisserie, l’histoire de ces deux héros est sucrée et délicate. Avec simplicité, Durian Sukegawa déploie un roman réconfortant, une ode à la douceur et à la vie. Dans un récit léger – mais loin d’être simpliste – l’auteur conte la rencontre de deux âmes blessées, au passé compliqué. A travers le triste destin de Tokue, l’écrivain lève un pan méconnu de l’Histoire du Japon.
Le roman est également imprégné de la cuisine nippone, donnant l’eau à la bouche et invitant à déguster les célèbres dorayaki. Le livre se referme sur la promesse d’un moment savoureux, à partager devant l’adaptation du cinéaste Naomi Kawase, primée à Cannes !
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Quel livre de la littérature japonaise me recommandez-vous ?
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