Les choses humaines, Karine Tuil : Mon avis
Quatrième de couverture :
Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale.
Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?
Libération de la parole, zone grise et pression médiatique.
Croyez-le ou non, j’ai lu Les choses humaines à cause – ou grâce – à Chat GPT ! Cherchant des conseils sur la célèbre plate-forme dans le cadre du tournage d’une vidéo sur mes réseaux, l‘intelligence artificielle me recommandait le livre de Karine Tuil dans la section « livres français écrits par une femme ». D’abord peu emballée à l’idée de découvrir cet ouvrage, j’ai été encouragée par ma copine Mélanie avec qui j’ai partagé cette lecture.
D’un côté, il y a Jean Farel, journaliste politique septuagénaire, homme de télé et de radio, dont la carrière n’est plus à prouver. De l’autre, Claire, écrivaine et essayiste féministe, secrètement séparée de Jean pour les bras d’Adam. Ensemble, ils ont eu Alexandre Farel, jeune étudiant brillant et promis à un bel avenir.
Janvier 2016. Au lendemain d’une vague de plaintes pour agressions sexuelles envers des femmes dans la ville de Cologne le soir du réveillon de la Saint-Sylvestre, Claire Farel s’exprime dans la presse. Au cœur de son questionnement : l’immigration. Les plaintes des 560 victimes concernent toutes des étrangers. Averti en off à la veille de la publication du journal et alors qu’il s’apprête à recevoir la Légion d’honneur des mains du président de la République, Jean Farel craint l’arrivée d’une polémique au sujet de l’interview de son épouse…
« Je salue votre courage car c’est une épreuve. Tout au long de la procédure et du procès, il vous a fallu raconter encore et toujours l’indicible alors que la seule choses que vous vouliez, c’était oublier, ne plus avoir à en parler pour ne pas être confrontée à cette douleur que chaque récit ravivait. Dans les agressions sexuelles, redire, c’est revivre. »
Parce que j’ai été spoilée à la page 12o en parcourant la quatrième de couverture, je refuse de trop en écrire sur le scénario et les thématiques qui en découlent. A l’heure de metoo, de la libération de la parole et de l’engagement féministe, le roman explore les questions du consentement, de la zone grise et du pouvoir médiatique.
Si le décor et l’action tardent à être plantés, le récit de Karine Tuil gagne ensuite en rythme et en puissance à chaque chapitre. Une fois l’intrigue principale lancée, les mots de l’écrivaine vous accrochent et le livre ne se lâche plus. La violence des faits, la dureté de certains protagonistes, la faiblesse des autres résonnent à chaque ligne. L’autrice déploie une fiction qui claque, percute, interpelle. Le comportement à la fois manipulateur, provocateur, parfois détestable des personnages interrogent sur notre société.
Porté par une plume impeccable et des dialogues au plus près de la réalité, Les choses humaines est de ces œuvres littéraires nécessaires pour la compréhension et l’analyse de notre époque.
A lire aussi : Le roman de Karine Tuil m’a rappelé Un tesson d’éternité de Valérie Tong Cuong par certains aspects : une accusation, une famille qui implose, la machine judiciaire en marche et des parents impuissants. Je vous en parlais il y a deux ans par ici.
*Les choses humaines, Karine Tuil, éditions Gallimard, 2019 (disponible au format poche chez Folio)
______________
Quel autre titre signé Karine Tuil me recommandez-vous ?
______________