L’épaisseur d’un cheveu, Claire Berest : Mon avis
Quatrième de couverture :
« Il était alors impossible d’imaginer que trois jours plus tard, dans la nuit de jeudi à vendredi, Étienne tuerait sa femme. »
Étienne est correcteur dans l’édition. Avec sa femme Vive, délicieusement fantasque, ils forment depuis dix ans un couple solide et amoureux. Parisiens éclairés qui vont de vernissage en concert classique, ils sont l’un pour l’autre ce que chacun cherchait depuis longtemps. Mais quelque chose va faire dérailler cette parfaite partition.
Douce folie…
Disponible en librairie depuis moins d’une semaine, le nouveau roman de Claire Berest est déjà l’heureux lauréat d’un prix littéraire. L’écrivaine était présente à la 27e édition de La Forêt des Livres le week-end dernier. Elle s’y est vue décernée le prix du jury pour L’épaisseur d’un cheveu, paru chez Albin Michel.
Étienne et Vive sont mariés depuis dix ans. Ils mènent une vie de couple routinière mais épanouie, au cœur de l’effervescence parisienne. Sans enfants, leurs semaines défilent au son des concerts du mardi soir, des expos photos, des visites de musées et de leurs activités très prenantes. Alors, en ce lundi matin, quand démarre cette nouvelle semaine, les questions sont nombreuses quant au geste d’Étienne. Qu’a-t-il pu se passer pour l’amener à tuer sa femme le vendredi soir ? Est-elle morte par accident ou s’agit-il d’un acte prémédité ? Va-t-il reconnaître les faits ou entrer dans le déni ?
Jetant les dés d’entrée de jeu, Claire Berest évite tout risque de spoil avec un tel scénario. L’écrivaine nous livre un héros déchu, meurtrier, dont le destin semble avoir basculé en seulement cinq jours. Le mystère réside sur l’assassinat de Vive, la tension monte doucement…
« Quand ils avaient commencé à se fréquenter, elle l’attifait d’une palanquée de surnoms absurdes, elle en changeait chaque jour, elle les essayait sur lui, comme un foulard ou un chapeau, pour voir s’ils lui seyaient, elle en abandonnait certains dans l’instant et en gardait d’autres quelques semaines, quelques mois, ils lui allaient bien. Ça s’était clarifié avec les années, ils s’étaient tous fondus en chéri, chéri le noyau, chéri la veste indémodable, sublimé par l’usure. »
Par sa mécanique, le rythme et les thèmes abordés, L’épaisseur d’un cheveu m’a rappelé le premier roman de Maud Ventura, Mon mari. J’y ai retrouvé l’intrigue déroulée du lundi au vendredi, l’humour glaçant distillé dans un texte a priori noir, ou encore la folie qui s’invite dans les traits du personnage… Pour le reste, Claire Berest innove et déploie un thriller psychologique captivant.
Grâce à des retours en arrière, l’autrice dévoile le passé fragile du couple et le caractère aigri du mari. Frustré par son métier de correcteur au sein d’une maison d’édition, Étienne est égocentré, exécrable et névrosé. Avec justesse, l’écrivaine raconte le basculement d’un côté et la terreur de l’autre.
Un titre remarqué en cette rentrée littéraire, que je vous recommande particulièrement.
A lire aussi : j’ai découvert la plume de Claire Berest avec son livre Gabriële. L’ouvrage a été écrit à quatre mains avec sa sœur Anne. Je vous en parlais il y a quelques années par ici.
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Avez-vous déjà lu Claire Berest ?
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