Le temps des amours – Marcel Pagnol
Note : 8.5/10
Quatrième de couverture :
L’année de cinquième ; la découverte de la « vocation » poétique ; Lagneau, le cancre héroïque, et encore et toujours Lili, qui, en compagnie de Marcel, soutient Joseph lors d’une partie de boules d’anthologie…
Annoncé comme « à paraître » dès la sortie du Temps des secrets., Le Temps des amours (1977) sera différé par un Pagnol pris par d’autres projets et qui, peut-être, retardait le moment de quitter les héros de son enfance. Personne n’y croyait plus lorsque, trois ans après la mort de l’écrivain, ses proches trouvèrent dans ses dossiers un certain nombre de chapitres achevés qui, mis bout à bout., constituaient ce Temps des amours si longtemps attendu. Plus hétéroclite que les trois premiers, ce quatrième volume contient pour- tant certaines des plus belles pages de Pagnol, notamment une histoire de la peste à Marseille à laquelle l’écrivain tenait particulièrement.
« Quand je revois la longue liste de personnages que j’ai joués dans ma vie, je me demande qui je suis. J’étais, avec ma mère, un petit garçon dévoué, obéissant, et pourtant audacieux, et pourtant faible ; avec Clémentine, j’avais été un spectateur toujours étonné, mais doué d’une incomparable […] force physique ; avec Isabelle, j’avais couru à quatre pattes, puis je m’étais enfui, écœuré… Au lycée, enfin, j’étais un organisateur, un chef audacieux, et je n’avais qu’une envie, c’était de ne pas laisser entrer les miens dans le royaume que je venais de découvrir, et où je craignais qu’ils ne fussent pas à leur place. »
Mon avis :
Grande passionnée de l’oeuvre de Marcel Pagnol, j’ai laissé dans ma bibliothèque trois ou quatre de ses ouvrages non lus, pour m’y plonger au fil du temps. Quel bonheur de retrouver sa plume avec Le temps des amours. Ce roman, publié après sa mort, vient clôturer la célèbre saga Souvenirs d’enfance (La gloire de mon père, Le château de ma mère, Le temps des secrets).
Marcel Pagnol grandit. Il est maintenant en cinquième et se livre à des expériences inédites avec ses camarades de classe, au grand dam de ses professeurs. Lui, le bon élève, va-t-il suivre les cancres de sa classe et à quel prix ?
Qui n’a pas découvert l’amour des mots grâce aux récits de Marcel Pagnol ? Qui n’a pas été ébloui, petit, devant ses films qui sentent bons la Provence ? A chaque livre de Marcel Pagnol que je lis, c’est ma madeleine de Proust que je retrouve. Une plongée en enfance, les paysages du Sud qui viennent à l’esprit et l’accent de l’écrivain qui nous souffle à l’oreille.
L’auteur, à l’humour et au phrasé inimitable, nous dévoile avec délice les petites et grosses bêtises de ses amis : bulletins trafiqués, boulettes de papier lancées sur le professeur, mensonges au sujet des heures de colle récoltées chaque jeudi, etc… La cinquième, c’est aussi l’adolescence et le temps des premiers émois ; les concours de pétanque aux côtés de son père et des voisins du village. Ses écrits nous font regretter de pas avoir vécu cela !
Marcel Pagnol nous conte aussi une histoire de peste à Marseille. Moins personnel, moins touchant, ce chapitre final est un peu hors sujet.
Le temps des amours clôt l’oeuvre capitale de l’écrivain disparu. Quel plaisir de le lire, le relire, et le partager encore, plus de 40 ans après son décès. Un grand classique de la littérature française !