Le stradivarius de Goebbels – Yoann Iacono
Quatrième de couverture :
Ce récit est le roman vrai de Nejiko Suwa, jeune virtuose japonaise à qui Joseph Goebbels offre un Stradivarius à Berlin en 1943, au nom du rapprochement entre l’Allemagne nazie et l’Empire du Japon. Le violon a été spolié à Lazare Braun un musicien juif assasiné par les nazis. Nejiko n’arrive d’abord pas à se servir de l’instrument. Le violon a une âme. Son histoire la hante. Après-guerre, Félix Sitterlin, le narrateur, musicien de la brigade de musique des Gardiens de la Paix de Paris est chargé par les autorités de la France Libre de reconstituer l’histoire du Stradivarius confisqué. Il rencontre Nejiko qui lui confie son journal intime.
Quand la réalité dépasse la fiction.
Offert par les éditions Slatkine & Cie, Le stradivarius de Goebbels de Yoann Iacono a d’abord conquis MonsieurLit (mon amoureux). Influencée ensuite par ses mots, je me suis plongé dans la lecture de ce premier roman, publié en début d’année.
Nejiko Suwa n’a que seize ans lorsqu’elle est envoyée en Europe pour parfaire sa maîtrise du violon. Jeune virtuose japonaise, sa famille lui apporte l’enseignement des meilleurs professeurs afin de lui garantir une très grande carrière. En 1943, lors d’une cérémonie honorant l’alliance Allemagne – Japon, la musicienne reçoit un Stradivarius des mains du ministre de la Propagande, Joseph Goebbels. Très vite, Nejiko rencontre des difficultés à se l’approprier. Elle aimerait retrouver l’ancien propriétaire du violon, pour connaître son passé.
« La femme qui m’écrit s’appelle Nejiko Suwa. Elle a quatre-vingt-deux ans et elle est la violoniste la plus célèbre du Japon. En France, personne ne la connaît. Je suis entré dans sa vie, j’ai passé des années à la suivre, j’ai voulu enquêter sur elle, sur son violon. Mais jusqu’à ce que je tienne ses carnets en main, je m’étais résigné à vivre avec son fantôme. J’ai essayé de broder les quelques fils que j’avais mis tant de temps à rassembler. Mais je ne suis que trompettiste de jazz, le langage des mots ne m’est pas familier, seule la musique me parler. »
Si Yoann Iacono a pris quelques libertés dans la retranscription de l’histoire de Nejiko, celle-ci est avant tout bien réelle. Le Stradivarius de Goebbels raconte la rencontre d’une musicienne surdouée, émigrée dans un pays en guerre, et d’un instrument volé. La jeune femme l’ignore au début, le violon reçu appartenait à Lazare Braun, Juif déporté et assassiné. Le poids du nazisme hante la musicienne.
L’auteur met en lumière le destin incroyable de cette star de la musique classique nippone, inconnue en France. Après les années passées dans notre capitale, Nejiko est capturée par les américains et envoyée à New York avec 145 autres concitoyens. Elle sera enfermée plusieurs mois dans un hôtel, avant d’être libérée et de retourner vivre, écœurée par ces tristes expériences, à Tokyo.
L’écrivain s’est appuyé sur les notes personnelles de la violoniste pour affiner son texte. Outre la mélancolie de la Japonaise, à ne pouvoir dompter son instrument, Yoann Iacono évoque un pan méconnu de la Seconde Guerre mondiale. Celui du pillage en masse des instruments de musique des Juifs déportés. Grâce à des recherches approfondies, il nous livre un roman passionnant et enrichissant.
J’ai été captivée par la biographie de Nejiko Suwa, et touchée par le caractère de cette jeune femme cultivée. Fan de littérature, munie d’une volonté de fer et prête à tout pour revendiquer ses opinions, Nejiko était aussi une amoureuse éperdue et un être fragile. Les mots de Yoann Ianoco la rendent véritablement attachante.
Connaissiez-vous Nejiko Suwa ?