Le soldat désaccordé, Gilles Marchand : Mon avis
Quatrième de couverture :
Paris, années 20, un ancien combattant est chargé de retrouver un soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir, au milieu de mille histoires plus incroyables les unes que les autres, la folle histoire d’amour que le jeune homme a vécue au milieu de l’Enfer. Alors que l’enquête progresse, la France se rapproche d’une nouvelle guerre et notre héros se jette à corps perdu dans cette mission désespérée, devenue sa seule source d’espoir dans un monde qui s’effondre.
Récit d’après-guerre
Paru aux Forges de Vulcain en 2022, Le soldat désaccordé de Gilles Marchand est venu à moi en mars dernier. Le quatrième roman solo de l’écrivain m’a été prêté par une copine des goûters littéraires, elle-même touchée par l’émotion du livre. J’ai ainsi démarré ma lecture sans attente particulière. Je ne demandais qu’à être surprise…
Ancien combattant de la guerre 14-18, le narrateur est mandaté par une certaine Jeanne Joplain, mère d’un soldat disparu, pour retrouver son fils. Nous sommes en 1925 et les premiers témoignages rapportent d’abord l’histoire d’amour vécue entre Émile Joplain et sa fiancée, l’Alsacienne. Problème ? Mme Joplain nie tout existence d’une mystérieuse amoureuse. L’enquête s’avère plus complexe que prévue.
D’anecdotes en rencontres, de rebondissements en fausses pistes, notre chercheur retrace le parcours de guerre de son collègue, dans l’espoir de le retrouver vivant. Cette quête le ramène à sa propre expérience, et aux souvenirs heureux avec sa belle Anna…
« On a tous une histoire d’amour intense, forte, dévorante. Une qui a tout emporté sur son passage et qui ne s’est pas finie, ou qui n’a jamais eu lieu parce qu’elle n’était pas réciproque. Une qu’on n’a pas osé déclarer, une qu’on a gardée pour soi parce qu’on avait peur. Et même quand tout se passe bien, on a encore peur : que l’intensité s’en aille, que la passion se soumette comme un animal sauvage à qui on aurait appris à lever la patte. »
Dans l’ombre des horreurs de la Grande Guerre, le récit de Gilles Marchand raconte l’après, les traumatismes et les remords. Loin des tranchées, notre héros semble y être resté, malgré le temps qui passe et la vie qui reprend. La mission donnée par Mme Joplain lui permet de ne pas oublier, et, peut-être, d’effacer les rancœurs du passé.
D’une écriture simple mais justement dosée, le texte est poétique et mélodique à souhait. C’est beau, émouvant et jamais mièvre. L’histoire de notre conteur se mêle à celle du soldat recherché. J’ai aimé ces personnages attachants, vivants et passionnés.
Après quelques chapitres à apprivoiser l’intrigue, le livre se déploie, gagne en puissance, avant de nous surprendre dans un twist final. Le soldat désaccordé signe ma première fois avec l’auteur, et probablement pas la dernière. L’ouvrage a remporté plusieurs prix littéraires, sans nul doute mérités. Une belle lecture, à mon tour glissée dans les mains de MonsieurLit, impressionné et enthousiaste lui aussi.
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