Le sang des bêtes, Thomas Gunzig : Mon avis
6CommentairesQuatrième de couverture :
Tom, vendeur dans une boutique de compléments alimentaires et de protéines pour bodybuilders, est en pleine dépression. Le passage à la cinquantaine lui ouvre les yeux sur sa vie rangée avec sa femme Mathilde qui ne le rend plus heureux.
Mais il voit sa vie bouleversée quand revient à la maison familiale son fils Jérémie, jeune homme malingre tout juste séparé de sa copine, et son père, juif marqué par la Shoah et malade d’un cancer. S’annonce une cohabitation compliquée pour Tom qui ne souhaite que tranquillité et repos.
Témoin d’un acte de violence, Tom va sauver une inconnue aux origines mystérieuses des mains d’une brute qui la maltraite, ramener chez lui cette femme sans papier, et perturber le quotidien de tous.
Avec les membres de la famille de Tom, Thomas Gunzig fait une description lucide de son temps et de ses tendances
Son roman bref et impeccable se dévore sur le corps, le couple, la vie, vieillir, aimer, durer, rester vivants, qui alterne avec un talent et un rythme parfait le rire, la lucidité, le désenchantement, le bonheur… Drôle et profond, le plus sensible et personnel des livres de l’auteur.
Nouvelle récidive.
Interpellée dans les allées du salon du livre de Limoges par Thomas Gunzig début mai, et après avoir défendu Feel good* à maintes reprises, il me convainquit de lire Le sang des bêtes. Dernier roman de l’auteur belge, l’ouvrage est paru aux éditions du Diable Vauvert en 2022.
« Écrire l’histoire d’une vache génétiquement transformée« , se challengeait l’écrivain-héros dans son précédent livre. Je n’osais deviner que Thomas Gunzig le ferait !
Marié depuis des années, employé d’une boutique de vente de produits énergisants, adepte de musculation, et père d’un garçon que plus rien ne réunit, Tom s’ennuie. Alors qu’il reçoit un étrange cadeau de sa femme pour son cinquantième anniversaire (un test ADN pour connaître ses origines), la petite fête organisée par surprise semble annoncer des perturbations. Jérémie, son fils, revient vivre avec eux après s’être fait largué par sa petite amie. Son père, subitement malade du cancer, s’incruste sur le canapé familial le temps de la chimiothérapie. Et Tom, ému par le destin d’une sans-papier aperçue dans la rue quelques heures plus tôt sous les coups de son compagnon, décide de l’héberger…
« Ce n’était pas que Tom n’aimait pas les surprises mais comme pour tout ce qui sortait de l’ordinaire, les surprises lui demandaient d’avoir l’air heureux, enthousiaste, de remercier de l’attention pour ne pas apparaître comme un ingrat, bref toute une série de choses qui ne faisaient que renforcer sa fatigue et approfondir son désir d’être seul, allongé, les yeux mi-clos, et l’esprit libre de toute pensée. »
Aussi improbable que cela puisse paraître, la jeune réfugiée dit être une vache génétiquement modifiée, un bœuf dans un corps de femme. L’épouse de Tom, Jérémie et son grand-père s’offusquent de ces calomnies, mais Tom y croit. La rencontre avec la femme-animal vient mettre un peu de piment dans la vie du nouveau quinquagénaire, et il en a bien besoin !
Très drôle, décalé, voire complétement culotté, le récit de Thomas Gunzig dénonce sous ses airs légers. Moi qui ne cesse de répéter avoir besoin de concret en littérature pour adhérer au scénario, j’ai été prise ici à mon propre piège. Grâce au talent de conteur de l’écrivain, j’y ai cru !
Derrière les codes du feel good book, Thomas Gunzig dépeint un pamphlet écologique et féministe, dans lequel j’ai reconnu mes convictions. Surconsommation, abattages de masse ou encore patriarcat, les sujets sont graves, universels et traités avec piquant. Le sang des bêtes est une intelligente satire corrosive, à l’humour belge délicieux.
Connaissez-vous cet écrivain belge ?