Le rouge n’est plus une couleur, Rosie Price : Mon avis
Quatrième de couverture :
Le rouge n’est plus une couleur raconte l’histoire d’une amitié qui naît à l’université, lorsque Kate rencontre Max. Ils viennent de milieux sociaux très différents, apprennent à se connaitre de jour en jour puis se rapprochent jusqu’à partager une complicité quasi-fusionnelle. La famille de Max fascine Kate, une famille anglaise aisée et cultivée – la mère de Max est une réalisatrice de tout premier plan – qui lui réserve un accueil chaleureux à chaque fois qu’elle évite de rentrer chez sa propre-mère, une ancienne alcoolique.
Mais Le rouge n’est plus une couleur est également un grand roman sur une vie que quelques minutes suffisent à briser. Lors d’une fête d’anniversaire chez les parents de Max, le cousin de ce dernier conduit Kate dans une chambre et profite de la sidération de celle-ci pour la violer. Elle n’ose pas crier et ferme les yeux afin de ne plus voir le ruban rouge cousu à l’intérieur du col de son agresseur, Lewis. À partir de ce soir-là, le rouge n’est plus une couleur pour Kate. Le souvenir de ce viol et son nouveau rapport au monde la murent dans le silence. La honte, la peur et le dégoût l’empêchent de dire quoi que ce soit pendant plusieurs semaines. Puis Kate va commencer à mettre des mots sur cet événement, à donner des indices sur ce qu’il s’est passé à son entourage et notamment à Max, sans pour autant nommer Lewis. Mais lorsque la vérité est sur le point d’être révélée, la tension monte et les réactions divergent face aux révélations qui risquent de faire éclater la famille…
Mon avis :
Il en faut parfois peu pour qu’un a priori s’évapore. La couverture jaunâtre de Le rouge n’est plus une couleur de Rosie Price m’avait enlevé tout désir de le lire. C’est après quelques mots de mon ami François (du blog Livraisondemots) sur ce roman, que l’envie m’est revenue.
Le rouge n’est plus une couleur est l’histoire d’une rencontre. Celle de Kate et Max, à l’université, comme des millions d’étudiants sur terre. Le rouge n’est plus une couleur est l’histoire d’une amitié, de celles qui naissent par le hasard, et qui ne s’expliquent pas. C’est l’histoire du silence, de l’abnégation, et de la destruction, quand le mal surgit mais qu’il ne doit absolument pas venir interrompre cette amitié.
« Kate dormait lorsqu’il frappa à sa porte. Il était tôt, pas même six heures, et les coups persistèrent jusqu’à ce qu’elle se lève. Elle jeta en passant un coup d’oeil au miroir au-dessus du lavabo : elle était plus pâle que d’habitude, bouffie à cause de la piquette descendue dans sa chambre, la veille. Les coups reprirent et Kate ouvrit la porte. Devant laquelle se trouvait un garçon, vêtu en tout d’une serviette de bain, la peau encore humide de la douche qu’il venait de prendre. »
D’une banale rencontre à l’université, Rosie Price déroule un récit percutant, s’intéressant aux liens amicaux, à la différenciation sociale et au rôle de la famille. Malgré des milieux sociaux divergents, Kate et Max deviennent très vite inséparables, allant jusqu’à devenir colocataires. Quelques années plus tard, victime d’un viol par le cousin de Max lors d’une fête de famille, la jeune femme préfère étouffer ses peurs et sa douleur, pour protéger son ami.
L’écrivaine anglaise dissèque avec brio les relations amicales et familiales dans son roman. Elle met en lumière les silences de certains, la déchéance des autres, où l’alcool et la drogue ont pris pleine possession du quotidien de ces héros. Ici, pas de scènes d’actions, de rebondissements à souhait, ni de suspense inutile. Rosie Price délie les fils, lentement.
Un premier roman réussi et encourageant pour l’avenir, où l’écriture sublime le scénario, quelque peu fragile. L’auteure provoque et interroge, derrière les caractères parfois détestables de ses personnages. Un livre que j’aimerais voir adapté sur grand écran, et dont je l’espère, je me souviendrais longtemps.