Le mystère de la femme sans tête, Myriam Leroy : Mon avis

Leroy Myriam - Éditions : Seuil
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Quatrième de couverture :

« Sur la photo, c’est sa physionomie qui captive. Un petit nez rond et des bonnes joues mais une morgue et des yeux durs, des yeux qui te voient là où tu ne veux pas être vue… Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde : “Dégage.” Il est impossible de s’en détourner. Tu y es ventousée. Fascinée par le caractère hostile de la pose et la beauté farouche du modèle, débarrassé de toute politesse. »
Qui est cette femme-enfant au regard frondeur ?
Jeune Russe exilée en Belgique, Marina Chafroff fut, sur ordre de Hitler, décapitée à la hache en 1942.
Cette mère de famille au courage extraordinaire, sacrifiée pour que vivent des innocents, aurait dû marquer l’Histoire. Elle est pourtant tombée dans l’oubli. Comment a-t-elle été refoulée de nos mémoires ?

 

Heureux hasard

C’est dans les allées d’une librairie flamande que je découvrais le nom de Myriam Leroy. Après un court séjour à Gand, je me procurais Le mystère de la femme sans tête, souvenir livresque de mon voyage. Paru aux éditions du Seuil en 2023, ce roman est le troisième de l’écrivaine belge.

Après la Russie, l’Estonie et l’Allemagne, la famille de Marina fuit en Belgique en 1928. A leur arrivée, la jeune femme a vingt ans. Très vite, elle épouse Iouri, un immigré russe. En 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, mère de deux enfants, Marina entre en résistance, jusqu’à être exécutée sur ordre d’Hitler en 1942…

Un après-midi brumeux de décembre 2020, les restrictions sanitaires amènent Myriam Leroy au cimetière d’Ixelles pour à une courte balade entre copines. Au détour des rangées de sépultures, et parmi les noms d’hommes fusillés, la journaliste lit le mot « décapitée » sur la pierre de Marina Chafroff-Maroutaïeva. L’écrivaine ignorait qu’on tranchait la tête en temps de guerre, encore moins celle des femmes. Ainsi démarre son travail de recherche.

 

 

« Marina ne figura plus nulle part dans les journaux. C’est comme si rien n’était arrivé, comme si la jeune Russe avait été un grain de poussière et qu’on l’avait balayé. C’est comme si elle avait été annulée, expurgée d’un film dont on aurait décidé, au montage, que son rôle, finalement, n’apportait rien à l’histoire. »

 

En pleine panne de lecture après une récente déception, je choisissais – craintive, tout de même – le livre de Myriam Leroy pour retrouver l’envie. Dans des chapitres courts et aérés, le texte alterne entre le récit de l’investigation de l’autrice et l’histoire romancée de la femme sans tête. Pourquoi a-t-elle été décapitée ? Comment le temps a pu effacer son nom ? Lorsque le manque de réponses subsiste, la fiction vient combler les trous. La romancière imagine, suppose, invente, se créant sa propre vérité.

« Tu ne savais pas que tu la cherchais mais tu sens que tu l’as trouvée. » A eux seuls, ces mots résument l’émotion d’une rencontre entre Myriam Leroy et la défunte. La détermination et l’investissement de l’écrivaine se lit dans chaque ligne. Et si la littérature française exploite régulièrement cette thématique de guerre, l’action se place souvent sur notre sol. Pour une fois, et à travers le combat de son héroïne, l’autrice raconte les pans russe et belge de l’Histoire.

En bref, une enquête intéressante et bien menée, qui réhabilite le parcours méconnu de cette femme dévouée.

 

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Ce roman vous tente ?

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Commentaires (1)
Emilie2024-06-22 00:15:14Répondre

Il est dans ma PAL. J’étais curieuse d’avoir ton avis avant de le commencer. J’ai déjà lu ses deux précédents romans, dont j’apprécie le style très particulier, même si j’y trouve aussi un côté dérangeant, limite malsain quelquefois. Je verrai si ça se vérifie encore cette fois-ci.

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mademoisellelit2024-06-24 09:31:02Répondre

Je n'ai pas du tout retrouvé ça dans ce roman. Je suis curieuse d'avoir ton avis du coup. Tu me diras.

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