Le ciel sous nos pas – Leïla Bahsaïn
Note : 7/10
Quatrième de couverture :
Elle vit dans une petite ville au Maroc, Place de la Dame libre – ça ne s’invente pas ! – avec « mère-officielle » et sa sœur Tifa qui quittera bientôt la France. Intelligente et effrontée, elle ruse sans cesse pour faire les 400 coups et vivre pleinement son adolescence, malgré le douloureux carcan des traditions. Dans un pays où tout s’achète, même la liberté, elle en paiera le prix fort ! Lorsque mère-officiel décède, elle n’a d’autre choix que de rejoindre Tifa de l’autre côté de la mer. Mais Paris n’est pas le « Beau Nombril du Monde » qu’elle imaginait, et sa sœur s’est métamorphosée. Dans le triste F3 de la cité des Petits Nègres, paradis des intégristes, cette Zazie d’aujourd’hui fomente son échappée vers la liberté… Dans ce premier roman plein d’énergie aux allures de conte moderne, Leïla Bashaïn, lauréate du prix de la Nouvelle de Tanger 2011, évoque dans une langue sensuelle, insolente et métissée le parcours d’une jeune femme décomplexée vis-à-vis des hommes et de l’Occident.
« J’ai l’amour maudit. Toute ma vie j’en ai eu la preuve. Je le sais comme on sait le prix à payer pour acheter des concombres ou des cigarettes. Je suis de la génération pour qui tout se paye et s’achète au supermarché. Je le sais comme on sait que la grande distribution vend les briques de lait qui sortent de l’usine ; et que le café est instantané et le thé en sachets. Je le sais comme le joueur sait qu’il paye le ticket de Loto de sa ruine. Il paye comme on paye une fille de la rue Serre-moi, des minutes fugaces de jouissance et de rêve. »
Mon avis :
Après avoir écrit des nouvelles, Leïla Bashaïn signe son premier roman avec Le ciel sous nos pas, paru aux éditions Albin Michel. Je les remercie pour l’envoi de ce livre.
Derrière ce titre poétique se cache l’histoire plus sombre d’une jeune adolescente marocaine, qui vit avec sa grande sœur et sa mère et qui, faute de place, dort chaque nuit sur le balcon du petit appartement. De son perchoir, elle observe la vie, les gens qui déambulent sur la place, les commerçants qui vendent leurs fruits et légumes, jusqu’à ce qu’un drame vienne tout chambouler…
L’écriture de Leïla Bashaïn, c’est une ambiance, une poésie, comme un chant mélancolique. Le rythme est lancinant et répétitif à l’image de ce que vit la narratrice. On y ressent l’ennui, la solitude, la tristesse, mais aussi la révolte et l’envie de revanche.
Après deux drames consécutifs, la jeune fille décide de quitter son Maroc natal pour rejoindre sa sœur en France. Malgré son âge, les épreuves qu’elle a traversées ont forgé en elle une grande force et une maturité. C’est ce combat, ce goût de vengeance, et de militantisme que l’auteure décrit si bien dans son roman. Ne pas plonger dans le fatalisme, toujours se relever et avancer, quelque soit ses origines et ses moyens.
L’écrivaine lance aussi un cri contre cette société de consommation. Le sujet revient sans cesse dans son récit. Elle qui travaille aujourd’hui dans une agence de communication connaît bien ce milieu. « Tout s’achète et tout se consomme » répète-t-elle en boucle.
En résumé, j’ai passé un bon moment de lecture avec le roman de Leïla Bashaïn, que j’ai trouvé différent des ouvrages contemporains que j’ai l’habitude de lire. Elle se démarque grâce à sa plume si spéciale et son style unique. J’ai du « lire entre les lignes » à plusieurs reprises, et cela m’a dérangé quelque peu. Son texte y est parfois trop imagé.