Le choix de Naïma – Samia Segaï
Note : 7/10
Quatrième de couverture :
Le roman relate l’histoire de Naïma, Rabia et Rachida, trois jeunes franco-maghrébines issues de la banlieue, qui ont réussi professionnellement, mais qui sont confrontées au poids extrêmement lourd de leurs traditions.
Perdues entre leur identité française et leurs valeurs familiales, elles vont devoir opérer des choix de vie qui vont bousculer leurs destins respectifs.
« Après tout, je n’étais pas pressée de sortir de mon lit. La perspective de reprendre ma vie là où je l’avais laissée ne me réjouissait guère. Je préférais m’enfoncer encore plus profondément dans les draps pour repousser de quelques heures les retrouvailles familiales que j’appréhendais. Pourtant, je n’avais pas revu ma famille depuis un an. […] Je ressentais encore le besoin de l’éloignement et de la distance affective. Moi, qui avais pourtant été choyée par ma mère dans le seul but de me garder auprès d’elle. Elle disait vouloir me protéger en m’interdisant de sortir de la maison. »
Mon avis :
Vous rappelez-vous de ma résolution livresque de 2020 ? Sortir des sentiers battus en m’ouvrant à de nouveaux genres et élargir la palette des auteurs et des maisons d’édition dans ma bibliothèque. Lorsque Samia Segaï m’a proposé la lecture de son roman, Le choix de Naïma, j’ai sauté sur l’occasion. J’étais sûre d’y trouver un brin d’originalité.
Naïma, Rabia et Rachida sont françaises, d’origine maghrébines. Elles sont amies, voisines, et complices depuis toujours grâce à l’éducation similaire qu’elles ont reçues. En grandissant pourtant, des différences semblent naître entre elles. Les choix qu’elles doivent emprunter chacune à leur tour risquent de décevoir leur cocon familial…
Samia Segaï m’a bel et bien offert un souffle nouveau avec son livre. Mes lectures sont pour la plupart majoritairement européennes ou américaines. Je ne laisse que peu de place à la culture maghrébine dans les écrits que je lis.
L’histoire de Naïma et ses amies, est celle de trois jeunes femmes de banlieue, dont les parents, émigrés depuis de nombreuses années, vivent dans la culture marocaine ou algérienne. Ils aiment cette terre d’accueil, la France. Mais ce qu’ils aiment plus que tout, c’est repartir « au pays » le temps d’un été pour se ressourcer auprès des leurs. Naïma, Rabia et Rachida ont toujours vécu en France. Elles ont parfois des difficultés à se confronter aux interdictions familiales liées à la religion ou aux traditions.
Comment s’épanouir et vivre ses propres choix, sans blesser ceux qu’on aime ? Comment trouver sa voie parmi ces différentes cultures ? Si j’ai pu voir ce type de scénario sur grand écran à plusieurs reprises, cela a rarement été le cas en littérature. L’auteure développe de façon très intéressante ces trois protagonistes. Chacune réagit distinctement face aux décisions qu’elle doit prendre : amour, étude, parcours professionnel, sorties, etc.
Le récit de l’écrivaine m’a paru un peu court (moins de 200 pages) et trop peu étayé, mais je dois reconnaître que j’ai passé un bon moment de lecture avec Le choix de Naïma. Une question n’a cessé de hanter mes pensées jusqu’à la dernière page : qu’aurais-je fait à leur place ? N’est-ce pas cela, le but premier de l’écriture ? Interpeller le lecteur et le faire s’interroger ?