L’amour, François Bégaudeau : Mon avis
Quatrième de couverture :
« J’ai voulu raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement. Au gré de la vie qui passe, des printemps qui reviennent et repartent. Dans la mélancolie des choses. Il est nulle part et partout, il est dans le temps même.
Les Moreau vont vivre cinquante ans côte à côte, en compagnie l’un de l’autre. C’est le bon mot : elle est sa compagne, il est son compagnon. Seule la mort les séparera, et encore ce n’est pas sûr. » F. B.
Mon premier Bégaudeau.
De mémoire de lectrice, je n’avais jamais attendu un livre aussi longtemps ! Paru lors de la dernière rentrée littéraire, L’amour de François Bégaudeau était depuis sur toutes les bouches de mes copines. Invité sur le plateau de La Grande Librairie, l’auteur avait attisé ma curiosité, m’incitant à ajouter son roman dans ma wishlist de Noël. Début décembre, n’y tenant plus, je craquai en librairie et modifiai ma liste de cadeaux.
Après en avoir pincé pour Pietro pendant des mois, c’est finalement Jacques que Jeanne épouse au milieu des années 70. Sans tambour ni trompette, sans passion ni violon, le couple emménage et accueille leur premier enfant. La routine s’installe, entre dimanches en famille, soirées canapé et virées au supermarché. Les années défilent, pleines de complicité, de disputes, d’habitudes et de ronchonnements. Cinquante ans de vie commune, que Jeanne et Jacques ne voient pas passer…
« L’amour prend patience, l’amour rend service, l’amour ne jalouse pas. Il ne s’emporte pas. Il n’entretient pas de rancune. Il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai. Il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout, l’amour ne passera jamais. »
François Bégaudeau l’annonce en quatrième de couverture, il souhaitait « raconter l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps« . Ne pas édulcorer, sous couvert de fiction, la réalité. Ainsi l’auteur décrit la banalité de la rencontre entre Jeanne et Jacques, leur mariage et ces années de couple, linéaires, que beaucoup d’entre nous connaissent. Nul chi-chi, nul sentiment démesuré, nul rebondissements inutiles. L’amour conte le quotidien, les regards complices, les mésententes, la vie en province et le temps qui s’étire.
Comme dans Les années d’Annie Ernaux, le texte est jonché de références temporelles : les VHS, Richard Cocciante, Conforama, les 2 CV, le MC Donald, Trois hommes et un couffin. On sourit à la lecture de ces souvenirs collectifs.
Si le fond n’a rien d’extravagant, la forme du roman embellit l’histoire. L’écriture singulière de François Bégaudeau magnifie le tout. On s’attache à ces deux personnages communs, qu’on regrette de quitter en refermant le livre. L’amour compte quatre-vingt dix pages, sans chapitres, sans espaces, denses et intenses à la fois.
J’ai fini ma lecture la larme à l’œil, à quelques pas du coup de cœur.
A lire aussi : Daniela Krein explore aussi ce sujet universel dans son second roman, L’amour en temps de crise. Paru en France en 2018, je vous en parlais par ici.
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Quel autre titre de l’auteur me recommandez-vous ?
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