L’allègement des vernis, Paul Saint Bris : Mon avis
Quatrième de couverture :
Aurélien est directeur du département des Peintures du Louvre. Cet intellectuel nostalgique voit dans le musée un refuge où se protéger du bruit du monde. Mais la nouvelle présidente, Daphné – une femme énergique d’un pragmatisme désinhibé –, et d’implacables arguments marketing lui imposent une mission aussi périlleuse que redoutée : la restauration de La Joconde. À contrecœur, Aurélien part à la recherche d’un restaurateur assez audacieux pour supporter la pression et s’attaquer à l’ultime chef-d’œuvre. Sa quête le mène en Toscane, où il trouve Gaetano, personnalité intense et libre. Face à Monna Lisa, l’Italien va confronter son propre génie à celui de Vinci, tandis que l’humanité retient son souffle…
Cap ou pas cap ?
Une fois n’est pas coutume, j’ai suivi vos conseils avisés en me procurant L’allègement des vernis de Paul Saint Bris. En dédicace sur le salon du livre de Limoges, l’auteur a présenté son premier roman (éditions Philippe Rey, 2023) lors d’une table ronde. Ses mots avaient attisé ma curiosité.
Voulant accroître le nombre de visiteurs au musée déjà conséquent chaque année, Daphné Léon-Delville, la nouvelle présidente du Louvre, fait appel à une agence culturelle pour un audit inédit. Les différentes propositions sont étudiées avec soin : accélérer les visites guidées grâce à des rollers ou des Segway, utiliser l’intelligence artificielle pour rediriger les touristes dans les salles les moins fréquentées, investir pour attirer de nouveaux abonnés sur les réseaux sociaux et ainsi inciter les plus jeunes à se déplacer.
Toutes ces options sont efficaces selon Matthieu, créateur de Culture Art Média Patrimoine, en charge du dossier, mais la seule susceptible d’engendrer un vrai changement pour l’affluence du musée demande de l’audace et du courage. L’entrepreneur propose à Daphné et ses équipes de restaurer l’unique tableau pour lequel des milliers de personnes se déplacent chaque jour au Louvre. La star du lieu, l’iconique et emblématique Monna Lisa !
« Visiter un musée participait du statut social, un marqueur fiable d’un lifestyle éclairé comme la dégustation de jus pressés à froid ou le port d’une montre connectée. A condition de pouvoir en témoigner. Les réseaux sociaux étaient là pour ça. »
En acceptant une telle mission, la présidente du musée sait qu’elle devra voir la fréquentation du Louvre s’effondrer durant l’absence de la Joconde. Aurélien, directeur du département des Peintures, est à la fois consterné, surpris et inquiet de cette décision. Mais c’est à lui que la tâche incombe : il doit trouver le restaurateur idéal pour remettre au goût du jour le chouchou du patrimoine français.
Passionnée d’art et toujours curieuse de son traitement en littérature, le point de départ original du livre de Paul Saint Bris m’avait interpellée. Si l’héroïne ne manque pas de culot en initiant ce projet, l’auteur en démontre également en imaginant ce récit ! Derrière beaucoup d’humour, on devine une satire du milieu artistique, de notre société ultra-connectée et de ce monde ou rien ne semble irréalisable, interdit.
Sensible aux images depuis son plus jeune âge, Paul Saint Bris livre un roman visuel, très documenté, d’une grande qualité littéraire. Créatif jusqu’au bout, L’allègement des vernis interpelle et détonne.
[ Mention spéciale pour l’attachant Homéro dont on rêve tous d’avoir la grâce un jour ! ]
A lire aussi : Stéphanie Perez plante également l’action de son premier roman dans un musée. Le gardien de Téhérana été l’une de mes plus belles lectures du printemps. Je vous en parlais par ici.
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Ce premier roman vous tente ?
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