La vie dissimulée – Marinca Villanova

Villanova Marinca - Éditions : Eyrolles
10 / 10
4Commentaires

Quatrième de couverture :

Et brusquement, le monde rassurant s’écroule. Le père de Nina part, son frère s’endurcit, sa mère se met au lit. Elles vont désormais rester toutes les deux. Nina guette les infimes variations de la présence de sa mère, dans le souffle de sa respiration ensommeillée, dans les silences de sa mélancolie. L’étau se resserre, les instants de joie hors de la maison sont des moments volés. L’enfant le sait, sa mère est devenue incapable de survivre sans elle. Personne ne doit deviner ce qui leur manque. Parfois, lorsque Nina est seule, l’odeur de la forêt revient. Celle de bois pourri, de fougère et de mousse trempée.

 

Mon avis :

Après le succès de son premier roman Les dévorantes en 2019, Marinca Villanova publie en cette rentrée littéraire La vie dissimulée aux éditions Eyrolles. L’auteure est également psychologue clinicienne.

Que s’est-il passé pour que Nina accepte de revoir son père absent depuis son divorce il y a plus de cinq ans ? La jeune adolescente de 13 ans jongle dans son quotidien entre le collège, ses devoirs, les courses et les taches domestiques que sa mère, trop épuisée, lui réclame. Chaque soir dans son lit, Nina rêve d’avoir une famille « normale », du temps pour elle, des amis, et un peu d’argent pour pouvoir régler le voyage scolaire en Espagne auquel elle s’est inscrite…

L’histoire de Nina, c’est celle (assez commune au départ) d’un divorce, et d’un parent prenant la fuite. La structure s’effondre, le dialogue se rompt, et la jeune fille grandit avec toutes ces absences. La mère de Nina sombre rapidement dans la dépression. Son frère, dont le comportement se détériore, est envoyé en pension. L’adolescente est livrée à elle-même, entre l’école et le supermarché.

 

 

« Nous sommes dans la chambre quand retentit le cri, presque inhumain. On ne sait pas d’où il provient, il fend l’air et vient nous saisir. Il se tient entre la plainte déchirante et la joie bruyante. Sous le coup de la surprise avec Étienne nous choisissons d’en rire. Mon frère non plus ne comprend rien. D’un côté maman monte dans une ambulance l’épaule meurtrie, de l’autre papa part en courant sans un mot. »

 

Derrière des airs légers, le roman de Marinca Villanova est synonyme de puissance et d’émotion. L’auteure entre dans l’intime et touche à ce qu’il y a de plus fort : les blessures de l’enfance. Grâce à la voix de sa jeune narratrice, son récit est tendre, déchirant et véritablement humain. Et dans la description des douleurs de chacun, on devine la psychanalyste et spécialiste des liens familiaux. L’abandon du rôle parental y est finement analysé.

Comment ne pas s’identifier lorsqu’on partage quelques souvenirs avec l’héroïne ? Comment ne pas être ému à la lecture de ce texte dur, qui retranscrit si bien la violence de la vraie vie ? Marinca Villanova n’a pas inventé un conte de fée, elle traite de la réalité et le fait avec maîtrise. Je dois l’avouer, je n’ai pu empêcher les larmes de couler. La vie dissimulée ne laisse pas indemne. J’en ai été bouleversée et je vous invite à vous y intéresser en cette rentrée.

Coup de cœur assuré.

 

Aviez-vous lu Les dévorantes ? Allez-vous vous laisser tenter par ce roman ?

 

Commentaires (2)
Françoise Guérin2021-11-19 12:25:39Répondre

C'est un très beau roman, en effet, subtil et profond.

Répondre




mademoisellelit2021-11-19 13:52:53Répondre

Vous aimerez sûrement également son premier titre : Les dévorantes. Une belle histoire de femmes.

Répondre




Carole2021-09-06 15:41:03Répondre

Wow! Ce roman a l'air si puissant! J'ai très envie de le lire, surtout si c'est un coup de cœur!

Répondre




mademoisellelit2021-09-06 17:03:30Répondre

Tu sais que tu peux me faire confiance sur les coups de cœur ;)

Répondre





Ajouter un commentaire