La petite fille sur la banquise – Adelaïde Bon
Note : 8/10
Quatrième de couverture :
« J’ai neuf ans. Un dimanche de mai, je rentre seule de la fête de l’école, un monsieur me suit. Un jour blanc. Après, la confusion. Année après année, avancer dans la nuit. Quand on n’a pas les mots, on se tait, on s’enferme, on s’éteint, alors les mots, je les ai cherchés. Longtemps. Et de mots en mots, je me suis mise à écrire. Je suis partie du dimanche de mai et j’ai traversé mon passé, j’ai confronté les faits, et phrase après phrase, j’ai épuisé la violence à force de la nommer, de la délimiter, de la donner à voir et à comprendre. Page après page, je suis revenue à la vie. » Quand ses parents la trouvent en pleurs, mutique, Adélaïde ignore ce qui lui est arrivé. Ils l’emmènent au commissariat. Elle grandit sans rien laisser paraître, adolescente puis jeune femme enjouée. Des années de souffrance, de solitude, de combat. Vingt ans après, elle reçoit un appel de la brigade des mineurs. Une enquêtrice a rouvert l’affaire dite de l’électricien, classée, et l’ADN désigne un cambrioleur bien connu des services de police. On lui attribue 72 victimes mineures de 1983 à 2003, plus les centaines de petites filles qui n’ont pas pu déposer plainte. Au printemps 2016, au Palais de justice de Paris, au côté de 18 autres femmes, Adélaïde affronte le violeur en série qui a détruit sa vie. Avec une distance, une maturité et une finesse d’écriture saisissantes, Adélaïde Bon retrace un parcours terrifiant, et pourtant trop commun. Une lecture cruciale.
Mon avis :
J’ai lu La petite fille sur la banquised’Adelaïde Bon dans le cadre de ma participation au Grand Prix de L’Héroïne Madame Figaro 2018. Je remercie le magazine et les éditions Grasset pour l’envoi.
Le texte choisi par les éditions pour illustrer la quatrième de couverture représente parfaitement l’idée globale que j’ai de ce récit. A la lecture du livre d’Adelaïde Bon, j’ai ressenti la nécessité qu’elle a eu à écrire ces lignes. Un besoin vital après des années de profondes souffrances.
L’auteure se livre sur le viol dont elle a été victime à ses neuf ans, sans tabou, sans voile, alors qu’elle a justement passé des années à se taire. Victime d’une amnésie, elle n’a réussi à nommer ce qu’elle a subi qu’à ses 27 ans, à l’aube du procès de son agresseur. Adelaïde Bon met sur papier toutes ces années de combat.
J’ai trouvé ce récit bien évidemment bouleversant et poignant. Le texte est cru, dur, brutal, à l’image du geste immonde de cet homme sur cette petite fille. Certains passages m’ont donné la nausée à plusieurs reprises. La fin du livre est particulièrement difficile à lire.
Malheureusement, même si la lecture a été éprouvante, le témoignage d’Adelaïde Bon est essentiel pour comprendre la violence subie, la souffrance engendrée et en parler pour que ces gestes cessent.