La petite bonne, Bérénice Pichat : Mon avis
Le pitch ?
Pour la première fois en vingt ans, Madame s’évade un week-end à la campagne. Elle confie ainsi son mari handicapé aux bons soins de la femme de ménage. La servante devra lui donner à manger, le laver et entretenir la maison. Mais en l’absence de son épouse, Monsieur a un autre projet. Mutilé de guerre, il demande à sa bonne de l’aider à mourir…
Les points forts du livre
- une écriture singulière : véritable huis-clos sur 48h, La petite bonne tient sa puissance et son rythme dans sa composition. Alliant la prose classique pour évoquer le couple bourgeois, au vers libre correspondant à sa petite bonne, Bénérice Pichat offre un roman au ton inédit, déroutant et prenant. Cette alternance souligne la cohabitation de deux classes sociales et de deux mondes. J’ai aimé cette audace narrative.
- un récit de l’entre-deux guerres : passionnée d’Histoire, l’autrice plante son décor entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, au cœur des années 30, plus rarement exploitées en littérature. Derrière les blessures et cicatrices de Blaise (« Monsieur« ), ancien pianiste meurtri de ne plus pouvoir exercer son art, le texte raconte l’après-guerre et les traumatismes de tout un peuple.
- un renvoi à l’actualité : par l’histoire de sa petite bonne, dont la condition de femme a été bafouée par le passé, et par le souhait de Monsieur, d’être assisté pour mettre fin à ses jours, l’autrice aborde des thématiques fortes et centrales dans notre société actuelle. La place de l’aidant, le droit à mourir ou à avorter sont ici évoqués.
En bref, une très belle surprise de la rentrée littéraire, portée par une plume poétique, presque mélodique. Un livre au suspens indéniable, dont le trio marque longtemps après les avoir quittés.
Thématiques abordées : la guerre, le handicap, les aidants, le droit à mourir.
Une citation : « Les vrais héros sont partis morts depuis longtemps, fauchés à la sortie des tranchées, tombés dans le no man’s land. Eux ne gisent pas sur un lit médical, eux ne croupissent pas dans une villa, eux n’ont pas besoin d’une bonniche qui les torche et les nourrir. »
Quelques mots sur l’autrice : Bérénice Pichat est professeur des écoles au Havre. Elle partage sa vie entre l’écriture et l’enseignement. La petite bonne est son troisième roman.
A lire aussi : l’écriture en vers libre de La petite bonne m’a rappelé celle de Charlotte de David Foenkinos ou encore A la ligne de Joseph Pontus.
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Ce roman vous tente ?
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