La papeterie Tsubaki – Ito Ogawa
Quatrième de couverture :
Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l’art difficile d’écrire pour les autres. Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l’encre, l’enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre. Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : elle calligraphie des cartes de vœux, rédige un mot de condoléances pour le décès d’un singe, des lettres d’adieu aussi bien que d’amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin.
Et c’est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avec les autres et le théâtre des réconciliations inattendues.
« J’habite une maison au pied d’une petite colline. C’est à Kamakura, dans la préfecture de Kanagawa, mais dans les terres, assez loin de la mer. Avant, je vivais avec l’Aînée ; depuis sa disparition il y a trois ans environ, j’occupe seule cette vieille maison traditionnelle. Mais je ne me sens pas trop isolée car il y a toujours une présence aux alentours. Même dans ce quartier où, la nuit, c’est si calme qu’on se croirait dans une ville fantôme, au matin la vie reprend ses droits et l’on entend des voix s’élever ici et là. »
Mon avis :
Une fois n’est pas coutume, la blogueuse littéraire que je suis s’est laissée influencer par l’une d’entre vous durant le club de lecture du mois passé. Déjà conquise par la beauté des couvertures des ouvrages d’Ito Ogawa, j’ai été convaincue par les mots de cette abonnée m’invitant à découvrir la plume de l’auteure japonaise. A mon tour de vous encourager à lire ce coup de cœur.
Après un long séjour à l’étranger, Hatoko revient à Kamakura pour y tenir la papeterie Tsubaki, héritée de sa grand-mère disparue. Comme son aînée avant elle, la jeune femme vend des articles de papeterie mais officie surtout comme écrivain public pour les habitants du village. Son rôle ? Rédiger tout type de courrier, sur demande des clients. Outre les mots, Hatoko doit maîtriser la calligraphie et choisir avec soin le papier, le stylo ou l’encre qu’elle va utiliser pour la rédaction des lettres réclamées.
Se plonger dans le roman d’Ito Ogawa, c’est voyager au Japon, découvrir la culture nippone, goûter à sa cuisine et humer les cerisiers en fleur. Derrière l’histoire de cette jeune orpheline de vingt-cinq ans, c’est l’art ancestral du kanji mis en lumière, dont le livre est parsemé au fil des chapitres. Lettre de deuil ou de rupture, courrier sentimental ou encore carte de vœux, les idéogrammes de Hatoko sont reproduits, ajoutant de la poésie au texte de l’écrivaine. En feuilletant La papeterie Tsubaki, l’élégance des dessins happe le regard.
Pour Hatoko, ouvrir la boutique à sa clientèle, c’est aussi savoir recevoir. Tous les matins, la commerçante attache une part importante au ménage et au rangement de son magasin. Elle sert le thé à chaque personne qui passe sa porte. Grâce à la réputation de celle qu’elle appelait « l’Aînée » (sa grand-mère), Hatoko reçoit de nombreux voisins. Une relation d’amitié et de confiance s’installe petit à petit avec certains d’entre eux.
Avec pudeur et finesse, Ito Ogawa déploie un roman magnifique sur une profession méconnue et la passion de l’écriture. A l’image de son héroïne, le récit est délicat, poétique. Férus des actions à répétition, passez votre chemin ! La papeterie Tsubaki se déplie, lentement, puis se savoure, tel le défilement des saisons que l’auteure a imaginé dans la structure de sa fiction.
De l’objet sublime publié par les éditions Philippe Picquier, à l’invitation au voyage de l’auteure, en passant par son scénario original et ses personnages attachants, j’ai tout aimé de La papeterie Tsubaki. C’est pur, beau, simple, et humain. Et par chance, Ito Ogawa fait revivre la jeune Hatoko dans un second opus, La république du bonheur. J’ai hâte de me le procurer !