La menteuse et la ville – Ayelet Gundar-Goshen
Quatrième de couverture :
Nymphea porte un nom de fleur mais son quotidien est loin d’être rose. À dix-sept ans, elle traîne ses complexes et souffre d’une vie insignifiante, où rien ne lui arrive jamais. En vendant des glaces pendant l’été, elle espère enfin sentir souffler le vent de l’aventure. Mais rien ne se passe…
Jusqu’au jour où Avishaï Milner, chanteur populaire sur le retour, franchit le seuil de son échoppe. Pressé et méprisant, le play-boy déchu agresse verbalement Nymphea, puis la poursuit dans l’arrière-cour où elle s’est enfuie. Lorsqu’il la saisit par le bras, elle hurle et, l’instant d’après, toute la ville est là.
En quelques secondes, la jeune fille récrit l’histoire, et Avishaï se retrouve en garde à vue pour tentative de viol sur mineure. Quant à la pseudo-victime, elle est propulsée au rang d’icône, Cendrillon en croisade contre les violences masculines.
Pendant ce temps, une autre femme est elle aussi entraînée dans un mensonge dont elle ne mesure pas encore les retombées : Raymonde, vieille juive issue de l’immigration marocaine en Israël, prend l’identité de Rivka, sa meilleure amie, rescapée des camps…
« Il y a des gens à qui sied la vérité et d’autres que le mensonge embellit. »
Mon avis :
J’ai reçu La menteuse et la ville d’Ayelet Gundar-Goshen il y a quelques mois lors de la présentation de la rentrée littéraire des éditions Presses de la Cité. J’ai eu la chance de le lire en avant-première. Je les remercie pour ce coup de cœur.
Dans ce roman, Nymphéa, 17 ans, accuse à tord Avishaï Milner, client de sa boutique de glaces, d’un viol. L’homme est une ancienne star de la télé-réalité, l’affaire devient rapidement médiatique, et la jeune fille est saluée par tout le pays pour son courage. Mais jusqu’où ira son mensonge ? Le chanteur devra-t-il subir des années de prison pour un acte qu’il n’a pas commis ?
L’auteure israélienne nous plonge dans un vrai page turner dès le début de son récit. Le mensonge de Nymphéa prend des proportions démesurées, et nous ne pouvons deviner, jusqu’à la dernière page, ce qu’il adviendra du sort d’Avishaï, pourtant innocent. L’écrivaine joue avec nos nerfs durant plus de trois cents pages, usant de rebondissements et d’inattendu.
Les protagonistes ont un rôle essentiel dans toute cette intrigue. Nymphéa va emmener dans son sillage plusieurs personnes de son entourage. Son mensonge devient contagieux, il cherche à se reproduire. La romancière nous dépeint une jeune fille détestable, agaçante, mais aussi terriblement attachante. Son ami, rencontré grâce à cette affaire rocambolesque, apporte de l’humour au texte d’Ayalet. Lui, si timide, discret et insignifiant depuis des années, va se révéler rusé, futé, et saisir sa chance pour exister.
Ayalet Gundar-Goshen nous offre un récit haletant, surprenant et addictif. Son roman nous interroge, nous lecteur, sur ce que nous aurions fait à la place de la jeune fille. Peut-on mentir ? La vérité est-elle toujours bonne à dire ? Un livre sarcastique, intelligent et envoûtant. A lire en cette rentrée littéraire.